parution 26 février 2010  éditeur Dargaud  Public ado / adulte  Mots clés Esotérique / Historique / Roman graphique

Le diable amoureux et autres films jamais tournés par mélies

7 histoires d'une fantasmagorie surannée, qu'aurait contées Georges Méliès à l'aide de ses trucages cinématographiques. Encore une pépite graphique et narrative, signée Vehlmann et Duchazeau...


Le diable amoureux et autres films jamais tournés par mélies, bd chez Dargaud de Vehlmann, Duchazeau
  • Notre note Yellow Star Yellow Star Yellow Star Yellow Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

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    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

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    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • dessin Yellow Star Yellow Star Yellow Star Yellow Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

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    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

©Dargaud édition 2010

L'histoire :

A Paris, en 1928, l’ex-cinéaste Georges Méliès se confie à un jeune poète, Jacques Prévert. Il lui raconte comment il en est venu à vouloir faire du cinéma, inspiré par les travaux expérimentaux des frères lumières. A l’époque, ces derniers ne filmaient pourtant que des scènes banales… et lui voulait saisir l’extraordinaire. Il est alors alerté par une équipe d’astrologues, de la chute conjecturée de l’étoile polaire sur Paris. Voilà un sujet digne d’être filmé ! Cependant, un simple mendiant croisé par hasard lui donne un drôle de conseil : pour trouver des choses mystérieuses, il faut emprunter des chemins mystérieux… Et de l’envoyer fureter dans les bas-fonds des mendigots. Méliès se déguise donc en indigent et se rend, la nuit venue, au jardin des plantes, où il est de notoriété publique que ces derniers se réunissent. Il participe alors à une curieuse cohorte, qui rallie un tirailleur africain juché sur un train, puis la reine de Saba enfermée dans une malle de l’Hôtel des Postes, puis enfin le cimetière du père Lachaise, à l’intersection des divisions 64 et 72 : c’est à cet emplacement précis que l’étoile polaire se posera et divulguera son message…

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Fabien Vehlmann et Franz Duchazeau avaient déjà fait fort au sein de la collection Long courrier de Dargaud, avec leurs Cinq conteurs de Bagdad. Toujours insaisissables, ils empruntent aujourd’hui encore un biais inattendu, en mettant en scène 7 histoires qu’auraient pu vouloir mettre en scène et filmer Georges Méliès, au début du XXe siècle. Ils tirent le meilleur parti possible de ce sujet a priori curieux, racontant 7 histoires empruntes d’une fraiche fantasmagorie, d’un lyrisme naïf ad hoc. Ces « contes » invraisemblables sont majoritairement présentées par Méliès lui-même, par le truchement de discussion avec (le jeune) Jacques Prévert et parsemées de répliques truculentes. Dans ses scénarii, Vehlmann n’oublie ni les dadas de l’époque (la conquête de la lune, le cirque, l’inondation de 1910…), ni l’inspiration authentique de Méliès, au croisement des frères lumières et du maître de l’illusion Houdini (d’où son appétit pour les trucages). Dans la forme, Duchazeau réitère son noir et blanc composé de moult techniques maîtrisées, qui peut paraître approximatif dans le détail, mais s’avère d’une justesse d’ensemble remarquable et un biais graphique particulièrement adapté au sujet et à la tonalité surannée. On a véritablement l’impression de parcourir des photographies ou des cartes postales du début du siècle. On y croit à 200% à ses rues pavées, ses guimbardes et ses promeneurs en hauts de formes… C’est saisissant ! Or, en marge de nous conter ces histoires fascinantes et amusantes, ces diables d’auteurs se paient le luxe d’un clin d’œil et d’une mise en abyme sur « l’art séquentiel », au sens général du terme : cinéma et bande dessinée sont nés (à peu près) à la même époque, usent souvent des mêmes mécanismes narratifs et participent d’une réflexion commune sur leurs fins. Persuadé d’être en train de tuer le merveilleux en cherchant à le filmer, Méliès a d’ailleurs terminé sa vie en vendant des jouets et des confiseries, après avoir brûlé une partie de ses bobines. Nous souhaitons de tout cœur que Vehlmann et Duchazeau n’en arrivent pas aux mêmes déductions…

voir la fiche officielle ISBN 9782205063318