L'histoire :
En avril 1967, le jeune écrivain Archibald Redmore demeure plus que jamais troublé par la mésaventure métaphysique qui s’abat sur son parcours littéraire. En effet, il s’est aperçu que chaque chapitre nouvellement écrit de son nouveau roman de fantasy, La bête féroce, se retrouvait imprimé en temps réel dans les éditions et sous la signature de l’écrivain anglais gabriel Slide, décédé deux siècles auparavant. Archibald espère élucider ce mystère au sein du manoir de Slide, sur l’île d’Harbor, où il a terminé sa vie. L’île est alors gouvernée par un dénommé Morgan Shepherd… qui est lui aussi un cas étrange : il est âgé de près de 5000 ans, immortel depuis qu’il a recueilli la pointe de la lance de Nemrod, qui aurait jadis blessé Dieu. Or Shepherd l’a immédiatement ressenti : cet objet sacré est de retour sur Harbor, et c’est l’écrivain Redmore qui l’a rapporté. De retour dans sa chambre d’hôtel, où il avait laissé quelques affaires, Redmore s’aperçoit bien qu’on lui a dérobé cette relique. Mais il s’en moque : il ignore tout de son pouvoir et reste obsédé par le mystère Slide. De la bouche du conservateur du manoir de Slide, il apprend la vie tumultueuse de cet écrivain : antimonarchiste en 1789, Slide avait ensuite déniché un secret dans la tombe de Léonard de Vinci, puis il avait été espion pour le premier consul Bonaparte, avant de s’exiler sur Harbor. Tandis qu’il médite sur ces informations du haut d’une falaise, Archibald assiste à un naufrage : un bateau de pécheurs s’échoue sur des récifs proches du littoral, alors qu’une tempête se lève. N’écoutant que son courage, il se jette à l’eau pour venir en aide aux naufragés…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour la première fois dans la saga de l’Ultime chimère, un tome est à 100% dessiné par un seul auteur (couverture de Griffo mise à part). Olivier Mangin poursuit en effet ici l’illustration de l’intrigue du tome précédent, à partir des mêmes personnages et du même contexte historique sur l’île d’Harbor. Ce faisant, le dessinateur monte encore d’un cran sa maîtrise d’un encrage réaliste élégant et très agréable. Ce 6e épisode apporte quant à lui un éclairage de taille sur la folie de Morgan Shepherd, mystérieux personnage immortel. En effet, on a appris dans les premiers tomes que sa présence en hôpital psychiatrique était due au meurtre de sa femme et de ses filles, à coups de couteau ! Cette tragédie est cette fois entièrement mise en lumière, dévoilant une explication inattendue et cohérente. Le plus étonnant demeure une fois encore la large place faite à la séquence de fantasy médiévale (pour illustrer un chapitre du roman de Redmore). Par ce biais, les auteurs s’offrent comme une parenthèse récréative et épique, au beau milieu d’un contexte contemporain diamétralement distinct. Le scénariste Laurent-Frédéric Bollée a finalement fait avancer son épais mystère métaphysique sur différents fronts et différentes époques ; il ne lui reste plus qu’à conclure et éclairer l’ensemble dans un 7e et ultime volet, a priori d’anticipation, entièrement dessiné par Griffo…
