parution 24 juin 2020  éditeur La boîte à bulles  collection Hors champ
 Public ado / adulte  Mots clés Chronique sociale

Dans les vestiaires

Des collégiens passent par les vestiaires avant et après leur cour de sport. Ils matent les filles, font des jeux cons et déchainent leur hargne sur les souffre-douleurs. Une chronique adolescente troublante, via une approche séquentielle originale.


Dans les vestiaires, bd chez La boîte à bulles de le Boucher
  • Notre note Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Yellow Star Yellow Star Yellow Star Yellow Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • dessin Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

©La boîte à bulles édition 2020

L'histoire :

A l’heure de leur cour de sport, les garçons se collent aux vitres floutées des nouveaux vestiaires de leur collège, en attendant que ça ouvre. Dès que la prof de sport – sale gueule, mais beau corps – a tourné la clé dans la serrure, tous s’y engouffrent pour découvrir la pièce. Froide, des murs bleus verts, impersonnelle, cerclée de bancs, dénudée des anciens casiers… Classique. Toutefois, deux particularités les perturbent. Primo, les toilettes : les petits carreaux des murs sont roses – sérieux ! – et il n’y a pas de séparations entre les pissotières. Deuxio, la pire des nouveautés : il n’y a plus qu’une seule douche collective. Les boules. S’ils veulent ne pas trop puer après le sport, ils vont devoir se mettre à poils les uns devant les autres. Le premier jour, à l’issus de leur séance de sprint, personne ne se lave. Ils se rhabillent tous, direct. Gauthier et Amaury se foutent de la gueule de Corentin, qui est plein de gras. Le pauvre n’a pas fini d’en baver : il deviendra le souffre-douleur de tous les autres et ce vestiaire sera le lieu reclus des pires humiliations. Bastien et ses potes, eux, ont tout de suite remarqué le petit conduit de ventilation, en hauteur, qui donne sur le vestiaire des filles. Ils attendent que tout le monde soit sorti pour se faire la courte-échelle et mater…

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

Après le dérangeant Skins party, qui a fait parler de lui à Angoulême (2011) en abordant le thème des soirées ados sans limite, Timothé le Boucher a enchaîné avec un cœur de sujet tout aussi original et sulfureux, quoique d’apparence plus triviale : les Vestiaires. Précisons : ceux des garçons, dans un collège. Soit l’âge le plus bête, confronté à un endroit intime, collectif et reclus de la surveillance des adultes… L’idéal pour déclencher les pires carnages comportementaux et ouragans psychologiques. A l’âge où on est encore puceau et où l’on sait pourtant déjà à peu près tout du sexe, celui-ci devient une obsession. La vison des corps plus ou moins dénudés déchaîne comparaisons, frustrations ou envies. Ici, nos collégiens sont tous dans la même classe (approximativement de 4ème ou de 3ème) et on ne les observera à 100% que dans ce vestiaire rénové. Les rares plans de l’extérieur nous parviennent en « zoomant » au travers des vitres opaques (donc flous), comme si la « caméra » de Timothé le Boucher avait été soudée en ce lieu. De fait, on ne sait jamais ce qu’il se passe en dehors des séances de sport, qui nécessitent obligatoirement de passer par les vestiaires. Ainsi, par ellipses et séquences successives, au gré des 123 planches, on assiste à l’évolution et la détérioration des relations. Les souffre-douleurs, les impudiques, les leaders qui se révèlent, l’obsession de mater les filles, les idées de jeux à la con… Il n’est jamais question de voyeurisme – de la part du lecteur tout du moins – mais bel et bien de susciter chez lui le malaise. Sur ce plan, c’est parfaitement réussi. Le Boucher s’approche de très près de ce qu’a produit Bastien Vives dans le registre (Dans mes yeux, Le goût du chlore, Polina, Amitié étroite). Les dialogues sont futiles, mais hyperréalistes. On sort de là, certes sans rien avoir appris sur les ados, mais troublé par le souvenir enfoui de nos lointains comportements malsains et effrayés par la bêtise capable de surgir à cet âge charnière. Un conseil : évitez le sport au collège.