L'histoire :
Un jeune homme s’installe en terrasse d’un café parisien et pose son smartphone en mode d’enregistrement vidéo sur la table, face à un échafaudage. Quelques minutes plus tard, une explosion fait écrouler l’échafaudage, causant quelques blessés légers. La brigade de police dirigée par le commandant Camille Verhoeven – chauve, très petit, mais expérimenté – est aussitôt mise sur le coup. En parallèle de ce dossier, Verhoeven recrute un nouvel inspecteur au sein de son équipe, l’impulsif mais efficace Jean-Claude Maleval ; et il sert de témoin de mariage à son commissaire divisionnaire, qui en est à ses 4ème épousailles ! La surprise est de taille lorsque le poseur de bombe se livre de lui-même à la police le lendemain. Ce dénommé John Garnier est aimable et déterminé. Il exerce notamment un incroyable chantage auprès de Verhoeven. Il annonce en effet qu’il a posé 6 autres bombes, qui exploseront chacune à une journée d’intervalle, si les autorités ne cèdent pas à ses désidératas : la libération de sa mère emprisonnée, 5 millions d’euros et deux billets d’avion pour l’Australie. Bien qu’artisanale et fabriquée à partir d’un obus de 1914, la première bombe était bien fonctionnelle… Le risque est donc non négligeable que ce chantage ne soit pas du flan…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l’origine, la tétralogie Verhoeven est une série de romans policiers publiés par Pierre Lemaître entre 2006 et 2012. Sous la férule du scénariste Pascal Bertho, Rosie est la première des adaptations en BD qui en seront extrudées par les éditions Rue de Sèvres ; mais en réalité, il s’agit du 3ème roman de tétralogie (la novellisation du feuilleton numérique Les grands moyens). Notez que Rue de sèvres avait déjà adapté en 2015 un premier roman de Lemaître, Au-revoir là-haut. On fait logiquement la connaissance du héros, un commandant de police parisien, expérimenté et atypique : il est né hypotrophique, c’est-à-dire qu’il ne mesure qu’1m45. Sous les crayons de Yannick Coroboz, sa calvitie, ses lunettes et ses gros sourcils lui confèrent un faux air d’Eric Ciotti, l’homme politique des Alpes Maritimes. Les autres membres de sa brigade n’ont que peu d’importance dans cette première enquête. La problématique centrale est posée par le premier terroriste sympathique de l’histoire du terrorisme ! On comprend en effet vite que le jeune poseur de bombes, qui se livre de lui-même à la police, bluffe partiellement et cherche paradoxalement à éviter les victimes… Sa rançon insolite et un brin candide fait écho à ses curieuses motivations, qui ne sont pas dues à l’égocentrisme habituel de cette activité. L’intrigue sort donc clairement des sentiers battus et la manière plutôt prégnante dont Verhoeven fait avancer son enquête permet pas mal de cerner sa personnalité, ses méthodes, ses préoccupations intimes. Bref, une psychologie de personnages creusée, une présentation efficiente, une affaire hors norme… et un dessin semi-réaliste contemporain tout à fait agréable : voilà un excellent tome d’exposition !
