interview Comics

Adi Granov

©Panini Comics édition 2008

Tandis que sort sur nos écrans de cinéma le film Iron Man (le 30 avril 2008), les bédiens ont interviewé l’auteur du « lead designer » du film, Adi Granov, également dessinateur du titre Iron Man Extremis (sorti en 2006). Ce bosniaque fan de noise musique et de Moebius est revenu sur la reprise et les adaptations de ce super héros méconnu.
Pour voir la bande annonce du film, cliquez ici !

Réalisée en lien avec l'album Iron Man
Lieu de l'interview : Angoulême 2008

interview menée
par
29 avril 2008

Bonjour Adi, pour commencer, pouvez-vous présenter brièvement votre carrière...
Adi Granov : Depuis le début ? Et bien, j'ai commencé comme « concept designer » pour Nintendo et sur plein de jeux de rôles comme celui de Star Wars. Puis, j'ai travaillé pour un éditeur français, Les Humanoïdes associés. Je faisais quelques couvertures pour l'adaptation de leurs bandes dessinées aux Etats-Unis. Cela m'a permis de travailler ensuite pour Marvel sur des titres comme Silver Surfer (le Surfeur d'Argent), Iron Man et Miss Zero. J'ai également fait quelques couvertures pour G.I. Joe et puis j'ai fait Iron Man Extremis avec Warren Ellis. Depuis, j'ai travaillé sur l'adaptation d'Iron Man en film, le réalisateur Jon Favrau a vu mon travail et m'a demandé de l'aider dans le design du film, ce qui est très flatteur. Je n'étais pas tout seul, ceci dit, puisque je travaillais avec deux autres designers. On a créé tous les vêtements, les armures et les environnements. Vous pourrez voir mon travail dans le film très prochainement.

Vous avez travaillé avec Warren Ellis, que pensez-vous de ses autres titres ? Comment s'est passé votre collaboration ?
Adi Granov : J'ai adoré travaillé avec lui vu que je suis fan de Planetary. Son histoire est très bonne sur Iron Man, il y a plein de bonnes idées, certaines étaient un peu extrême mais il a parfaitement su respecter tout les codes de ce super héros.

D'autres projets sont-ils prévus avec lui ?
Adi Granov : Non, je suis très fier d'avoir collaboré avec lui, mais c'est quelqu'un de très occupé et moi également. Nous n'en avons pas encore parlé mais seul le temps nous manque.

L'interview de Tony Stark par le journaliste me fait penser à celle de Michael Moore dans The Big One...
Adi Granov : C'est exactement ça, lorsque le journaliste essaie de le déstabiliser, il n'y arrive pas. Tony Stark est quelqu'un de très intelligent et de très fort en communication. Contrairement à Michael Moore, Warren a voulu montrer l'inverse, que le riche homme d'affaires maîtrisait tout ce qu'il faisait.

Comment travaillez-vous, préférez-vous être dans un cadre en particulier ?
Adi Granov : En fait, il faut qu'il y ait du bruit autour de moi, que se soit de la musique ou la télévision. Je déteste le silence ! En ce moment, j'écoute beaucoup Mastodon et de la musique indus’ comme Nine Inch Nails. J'aime bien Iron Maiden (rires). Par contre, à certains moments, il me faut des musiques très cinématographiques comme celles de Vangelis.

Quelles sont vos influences ?
Adi Granov : J'aime beaucoup les dessinateurs français comme Moebius, Enki Bilal. Ces artistes ont leur style à eux, et j'espère arriver à faire de même. Certains dessinateurs sont vraiment très forts, Alex Ross est très impressionnant. Gabriele Dell'otto est bon aussi, son trait est assez proche d'Alex Ross mais je le trouve plus énergique. En tout cas, ils sont très forts, tous les deux (rires) !

Est-ce que l'on peut dire que Gabriele Dell'otto et vous même ré injectés un peu de sang frais dans le milieu des comics, une sorte de vision européenne dans un monde américain ?
Adi Granov : Je pense que c'est vraiment important que les comics accueillent des auteurs étrangers, leurs visions sont très différentes de celles des dessinateurs américains. Et puis j'aime bien le côté où des artistes populaires dans leur pays essaient de marcher à l'étranger, comme a pu le faire Moebius. Cela permet de faire tomber les barrières entre les comics, la BD européenne et les mangas. Moebius a réussi à s'imposer partout, en Europe, aux Etats-Unis ou en Asie, c'est le meilleur !

Quels sont vos projets ?
Adi Granov : En ce moment, je travaille sur un nouveau comics mais tant que je ne l'ai pas terminé, je n'en dirais pas plus ! Il y a aussi d'autres projets Marvel mais pour le moment rien n'est fait. J'ai fait pas mal de couvertures pour le Silver Surfer (le Surfeur d'Argent) et j'aimerais en illustrer tout une histoire. J'ai aussi quelques contacts pour faire un titre ou une série pour l'Europe, ce serait cool de faire ma première BD ! Je dois juste trouver la bonne histoire.

Quelles techniques utilisez-vous pour vos dessins, utilisez-vous l'informatique ?
Adi Granov : En fait, je réalise mes planches sur papier puis je peins l'ensemble. La dernière étape est pour moi la plus longue puisque je retravaille les détails et les couleurs sur l'ordinateur afin d'améliorer le rendu final. Sur Iron Man Extremis, j'ai fait très peu de modifications via l'ordinateur.

En Europe, on a parfois l'impression que les comics se limitent à ceux mettant en scène les super héros. Qu'en pensez-vous ?
Adi Granov : Il est assez vrai de le croire, je pense que les meilleurs scénaristes sont européens. Les auteurs américains sont souvent obligés de continuer des séries existantes mais il y a quelques éditeurs indépendants qui font de très bonnes histoires. Et puis les super héros ont beau être géniaux, ils ne sont pas comme tout le monde, ce qui fait que l'on peut les aimer à des moments et les détester à d'autres. La dernière vague de scénariste comme Warren Ellis ou Brian K.Vaughan a su leur donner de l'épaisseur, ils sont devenus moins fades. Pour moi, le tournant est arrivé grâce au Batman Dark Knight de Frank Miller et au Watchmen d'Alan Moore.

Votre femme est aussi scénariste, vous ne seriez pas tenté de collaborer ensemble sur un projet ?
Adi Granov : En effet, j'aimerais beaucoup travailler avec elle. Mais comme moi, elle multiplie les projets. En ce moment, elle aime organiser des conventions autour des comics !

Si vous êtiez sur une île déserte, quels seraient les trois films que vous emmèneriez ?
Adi Granov : Blade Runner, Conan le barbare et Mad Max.

Si vous aviez une gomme magique pour corriger un détail ou une partie de vos albums, souhaiteriez-vous l'utiliser ?
Adi Granov : Sur Iron Man Extremis, je n'aime pas trop la séquence où le méchant meurt, j'aurais aimé la refaire. Je la trouve un peu trop violente. Marvel a aussi corrigé certains détails sur ce comics : ils ont effacé la fumée des cigarettes, ce qui est assez stupide. Mais comme le public des super héros est très large et va du plus petit au plus grand lecteur, il y a des choix de ce type.

Quelles séries conseilleriez-vous aux terriens ?
Adi Granov : Je dirais Ex Machina, parce que c'est une de mes séries favorites, tous les Hellboy, les Métabarons, l'adaptation de la Tour Sombre.

Beaucoup de titres où l'horreur tient une grande place...
Adi Granov : En fait, je préfère les titres de science fiction horrifique comme Aliens, je déteste les films de torture comme Saw ou Hostel.

Si vous aviez le pouvoir de vous téléporter dans le crâne d'un auteur de bande dessinée, qui choisiriez-vous de visiter ?
Adi Granov : Sans hésitation, Moebius, c'est un génie ! Il est ma plus grande inspiration, tout ce qu'il a fait est excellent, de ses couvertures aux Etats-Unis à ses titres européens. Je suis d'autant plus fan que mon style ne lui ressemble pas du tout !

Et si vous n'aviez pas fait de la bande dessinée, qu'auriez-vous fait ?
Adi Granov : J'adore tout ce qui est mécanique, donc j'aurais travaillé au milieu de plein de machines (rires).

Merci Adi Granov !