interview Comics

Kim W. Andersson

©Glénat édition 2017

Lorsque l'on évoque la Suède, Zlatan Ibrahimovic ou ABBA se retrouvent très vite au cœur des conversations. Il est beaucoup plus rare que certains parlent d'auteurs de bande dessinée pour ce pays du nord de l'Europe. Pourtant, ils existent et l'on a pu découvrir l'un d'eux début 2017 : Kim W. Andersson. Cet artiste complet développe depuis des années des récits mêlant horreur et romance. Alena est son premier roman graphique et l'on a pu découvrir son travail via les éditions Glénat. Avec un style résolument marqué par la scène comics underground et un récit sombre sur l'adolescence, l'auteur a marqué les esprits. Tellement, qu'en Suède, un film fut même adapté d'Alena. Présent lors du festival d'Angoulême, nous n'avons pas manqué l'occasion d'échanger avec un Kim W. Andersson volubile et au combien sympathique.

Réalisée en lien avec l'album Alena
Lieu de l'interview : Festival d'Angoulême

interview menée
par
29 septembre 2017

Alena


Bonjour Kim W. Andersson, peux-tu te présenter ?
Kim W. Andersson : J'adore parler de moi, cette question est cool (rires) ! Je suis suédois, je m'appelle Kim W. Andersson, W. pour Waldemart. Il existe une actrice suédoise assez célèbre qui porte le même nom que moi, c'est pour ça que j'ai rajouté ce W. pour me différencier d'elle. Elle est décédée à présent, j'ai survécu (rires). J'ai toujours été bercé par les bandes dessinées depuis que mon enfance. Ma maman m'achetait régulièrement des albums d' et de Lucky Luke. Adolescent, j'ai découvert Image Comics et je suis devenu accroc de Spawn et de The Maxx de Sam Kieth ! Et je suis un immense fan de Spider-Man chez Marvel. Certains enfants veulent devenir astronautes ou rock-star, moi je voulais devenir auteur de bande dessinée. Je ne pensais pouvoir y arriver mais après le lycée, mais ma maman m'a encouragé à aller dans une école d'art. J'y ai fait tous les trucs que l'on fait dans ce genre d'établissement. J'ai fait la fête tous les jours, fumé de l'herbe, draguer plein de filles. Au bout d'un an, je me suis vraiment lancé dans la bande dessinée et j'ai travaillé dur pour respecter les deadlines que l'on me donnait. Mon ambition ne s'était pas éteinte et j'ai persévéré.

Peux-tu présenter Alena aux lecteurs ?
Kim W. Andersson : Avec une voix de bande annonce (rires) ! Alena est un livre qui met en scène une fille nommée Alena, elle va dans une école privée pour riches. Elle n'est pas de ce monde et a du mal à s'intégrer au milieu des autres élèves. Elle a une seule amie avec qui elle passe plein de temps. Elle s'appelle Josephine et le problème est qu'elle est morte.

Alena


Alena est souvent comparé à une version bande dessinée de l'oeuvre de Dario Argento. Qu'en penses-tu ?
Kim W. Andersson : C'est un réalisateur génial et la première fois que j'ai vu ses films, j'ai été soufflé. C'est bizarre d'être comparé avec ce génie. On peut voir certaines similarités en effet, il y a des points communs, notamment dans l'utilisation des couleurs. J'ai essayé d'utiliser les couleurs de manière à créer certains malaises, comme le fait Dario Argento ou d'autres. Si les gens y pensent, c'est cool.

Alena évoque le thème de l'adolescence, est-ce un sujet que tu as développé sur tes précédents ouvrages, ceux-ci étant inédits en France ?
Kim W. Andersson : J'ai fait pas mal de comics mêlant romance et horreur. Ils ont publié chaque mois dans des magazines. C'était à chaque fois des récits très courts de 4 à 6 pages sur cette thématique. Il y a eu des recueils de ces histoires. La majeure partie de mes lectrices sont des adolescentes passionnées et hyper enthousiastes. J'avais dans l'idée de faire Alena depuis plusieurs années et ça a mûri doucement. J'ai essayé de casser certains codes. Par exemple, le seul personnage masculin, Fabian, joue le rôle de celui des femmes dans les récits classiques, celui d'objet. J'ai testé des choses et je suis plutôt content du résultat. Les adolescents sont délicats et de nombreuses traumatismes les saisissent durant cette période. Tout le monde a eu l'envie de tuer à cette période sa vie. La question a surtout été d'interpréter mon adolescence et d'en faire une sortie de thérapie pour moi. J'ai fait ressortir certaines choses très personnelles dans cette histoire, ce qui fait qu'elle me touche sentimentalement.

Alena


Verra t-on d'autres titres de Kim W. Andersson à l'avenir en France ?
Kim W. Andersson : J'espère bien ! En ce moment, je finis une histoire pour Dark Horse, pour les lecteurs en Amérique ! Cela s'appelle Astrid, ça parle d'une fille sur une lune volcanique et je suis certain que le titre va sortir en France. Cela est un challenge créatif réjouissant pour moi.

Si tu avais le pouvoir de visiter le crâne d'un autre artiste pour en comprendre le génie, qui irais-tu visiter ?
Kim W. Andersson : J'aimerais vraiment que ce pouvoir existe, ce serait cool. C'est une question difficile. Il y a des années, je t'aurai sorti une quantité énorme de noms. Je suis un immense fan de Régis Loisel et j'ai eu le plaisir de le croiser durant le festival. Je me suis présenté à lui et lui ai dit que j'adorai Peter Pan. Il m'a remercié et m'a même fait un câlin. C'est le meilleur câlin de toute ma vie ! Je ne me laverai plus (rires) ! Je pourrai te dire Régis Loisel mais ce ne serait peut être pas très parlant comparativement à l'auteur que je suis aujourd'hui. Je souhaite faire la meilleure version de mes idées et être capable de montrer mon travail au monde entier, des U.S.A. au Japon. Si j'avais grandi en France, le fait d'avoir autant de talents au mètre carré m'aurait peut être dissuadé de devenir artiste. En Suède, nous ne sommes pas très nombreux. Du coup, je me dis que l'auteur qui me fascine en ce moment est Jaime Hernandez. C'est une grande influence.

Merci Kim !