interview Manga

Les mystérieuses cités d'or - Thomas Bouveret

©Kazé manga édition 2013

« Qui n'a jamais souhaité voir le Soleil souverain guider ses pas au cœur du pays Inca, vers la richesse et l'histoire des Mystérieuses Cités d'Or ?! ». Lorsque nous étions enfants ou adolescents, beaucoup d’entre nous récitaient ce speech en synchro avec le générique de début du dessin animé des Mystérieuses cités d’or. Aujourd’hui, la série a 30 ans et elle connaît un revival énorme : la suite vient d’être réalisée et passe chaque semaine sur TF1, l’ancienne saison paraît en Blu-ray totalement remasterisée chez Kazé, et il y a même un film en préparation ! Le tableau n’aurait pu être complet sans que le 9ème art ne vienne lui aussi s’inviter à cette fête d’anniversaire. En attendant les BD issues de la nouvelle saison qui sont prévues chez Glénat, les épisodes de la série originelle de 1983 sont quant à eux en cours d’adaptation au format manga par Thomas Bouveret, trentenaire comme la série et qui a grandi en la regardant. Comme ce manga est produit selon les méthodes éditoriales japonaises, nous sommes allés le rencontrer dans les locaux de Kazé en compagnie de son responsable éditorial, Mehdi Benrabah.

Réalisée en lien avec les albums Les mystérieuses cités d'or T1, Element R T1
Lieu de l'interview : chez Kazé manga

interview menée
par
8 juin 2013

Bonjour Thomas et Medhi, pouvez-vous vous présenter ?
Thomas Bouveret : Je suis l’auteur du manga des cités d’or. Avant j’ai fait une première série qui était sortie chez Vent d’Ouest, Element R.

Mehdi Benrabah : Je suis éditeur chez Kazé manga. Avec mes collègues du département éditorial, je m’occupe de toute la production des mangas tout au long de l’année. Et maintenant, on se met aussi à faire de la création, avec Thomas. Je supervise et je travaille en collaboration avec lui pour le manga des Mystérieuses cités d’or. Je suis aussi un peu en relation avec Bernard Deyriès, et nous suivons tout ça avec d’autres membres de mon équipe.

Thomas Bouveret : Oui, bien évidemment, il y a Bernard Deyriès qui a travaillé en collaboration pour la création du manga, pour vérifier chaque étape.

Mehdi Benrabah : Bernard, c’est un peu notre filet de sécurité.

Comment est né le projet d'adaptation des Mystérieuses cités d'or en manga ?
Thomas Bouveret : C’est un projet qui a mis du temps pour se faire, de mon côté en tout cas. Mais j’y ai toujours cru. A la base, c’est une idée que j’avais eue et que j’ai proposée à Kazé Manga parce que je trouvais que c’était l’éditeur qui collait le mieux, parce qu’il y avait le dessin animé qui était déjà sorti chez Kazé Vidéo. Du coup, j’ai fait une proposition, des essais de planches, puis Kazé s’est mis en relation avec les ayant-droits et petit à petit ça a pris forme.

Comment avez-vous réussi à convaincre Bernard Deyriès et Jean Chalopin ? Est-ce que ça été difficile ?
Thomas Bouveret : Ca a pris un petit peu de temps pour se mettre en place. Je m’étais déjà mis un peu en relation avec la personne qui s’occupe des ayants-droits, et ils trouvaient dès le départ que le format manga était intéressant.

Mehdi Benrabah : Kazé avait la série TV dans son catalogue, c’était aussi les 30 ans cette année, donc il y avait cette volonté de faire quelque chose autour des Mystérieuses cités d’or. Le fait qu’il y ait une saison 2 sur les rails, ça nous a pas mal confortés dans cette initiative. Thomas est arrivé avec son projet et je pense que Bernard Deyriès et Jean Chalopin étaient assez réceptifs parce qu’il y avait déjà des choses qui se faisaient autour de la licence. Le format manga ne leur déplaisait pas parce qu’il y a une vraie filiation avec le Japon et le manga autour de ce dessin animé. La rencontre s’est bien passée et ils nous ont donné leur bénédiction.

Zia, dessinée par Thomas Bouveret dans le manga des cités d’or L’idée venait donc de toi Thomas. Quand tu as amené le projet à Kazé, savais-tu que la seconde saison animée était en préparation ? As-tu joué là-dessus pour choisir d’adapter cette série plutôt qu’une autre sachant que le moment était idéal pour sortir la version papier ? Ou avais-tu simplement la volonté de faire cette adaptation en particulier depuis longtemps déjà ?
Thomas Bouveret : Il y avait un peu des deux. C’est vrai que l’appui de la suite de la première saison aide beaucoup à penser à créer une adaptation. Donc c’est comme ça que j’étais parti, et puis c’est vrai que ça n’avait jamais été adapté. Je crois avoir entendu dire qu’il y avait peut-être une BD il y a très longtemps, mais il n’y a pas vraiment eu quelque chose d’officiel il me semble... En format manga, c’était sûr qu’il n’y avait rien qui avait été adapté, du coup je trouvais que c’était un projet intéressant. En même temps, il y avait d’autres projets qui pouvaient être intéressants aussi avec les anciennes séries. Mais par rapport aux autres, je trouvais que Les mystérieuses cités d’or avait des personnages qui étaient jeunes et cet engouement qui pouvait plaire à beaucoup de monde.

Etais-tu fan de l'animé à l'époque de sa diffusion ou l'as-tu découvert plus tard ?
Thomas Bouveret : Je connaissais l’animé mais je me suis replongé dedans il y a quelques années. J’ai revu entièrement la série TV. Je ne me souvenais pas de tous les épisodes mais je savais déjà qu’il y avait une ambiance, un univers très séduisants... Donc ça m’a motivé pour enchaîner plusieurs fois la série.

As-tu lu le roman originel de Scott O’Dell ?
Thomas Bouveret : Non je n’ai pas lu l’adaptation. Par contre, j’ai eu des échos de l’histoire et c’est vrai qu’elle est complètement différente. C’est intéressant quand même car c’est grâce à ce roman que tout a pu se faire, mais je ne l’ai pas encore lu.

Mehdi Benrabah : Avec notre réédition qui vient de sortir, tu n’as plus d’excuse !

Dessinais-tu avec les épisodes qui tournaient en boucle sous les yeux ?
Thomas Bouveret : Pas en boucle toute la journée non plus, mais disons que pour une adaptation comme ça, je pense que c’est mieux de prendre appui sur le dessin animé. L’histoire a déjà été créée, et il faut qu’on retrouve quelque chose qui existe dans le dessin animé, sinon ça serait quand même quelque chose de complétement différent.

Mehdi Benrabah : Même si c’est quelque chose de condensé par rapport au dessin animé, ça permet de l’avoir bien en tête et de mieux visualiser l’ensemble de l’œuvre d’origine, de savoir sur quelle scène se pencher par exemple, quelle scène il serait le mieux d’exploiter...

Dans ton adaptation, il y a des petites différences par rapport à l’animé. Est-ce toi qui en as décidé ainsi ou cela s’est fait avec Bernard Deyriès ? Par la suite, comptes-tu dériver un peu de la trame originale ?
Thomas Bouveret : Il y a un minimum de liberté. Il fallait déjà faire attention à ce que l’histoire reste bien dans la lignée du dessin animé. Bernard regarde bien les différentes étapes du story-board et des planches, et après, tout ce qui est narration. Ce qui est dans le manga est un petit peu différent. Je pense que c’est intéressant qu’il y ait des petites variantes, qu’on ne retrouve pas non plus à 100% la même chose. Ce qui est bien, c’est que dans les deux cas, on a droit à une histoire qui est complètement identique mais la narration est complètement différente, et on a quelque chose de nouveau quelque part. Pour la suite, je pense qu’on va continuer dans cet état d’esprit, peut-être même encore plus. Perso groupe 1 A certains moments il y aura des scènes vues sous un autre angle comparé au dessin animé par exemple. On aura toujours la même trame principale mais il y aura des petites variantes : des scènes de l’histoire qui vont peut-être être plus mises en avant que d’autres, des personnages aussi, même secondaires, qui n’étaient peut-être pas assez bien exploités dans le dessin animé. Je pense que c’est important de bien exploiter les personnages secondaires sur certaines scènes, sur certains plans, faire des double-pages sur eux à certains moments par exemple, ce genre de choses...

Mehdi Benrabah : Au tout début, il y a eu l’étape importante du séquencé : il y avait un résumé pour chaque chapitre sur l’ensemble des 5 tomes que comptera la série, qui a été soumis et approuvé par Bernard. C’était un condensé des 39 épisodes. Nous limiter à 5 tomes pour la création c’était déjà pas mal. On ne pouvait pas se permettre de faire plus. C’est vrai que chaque épisode est assez riche mais il y a quelques longueurs des fois quand même, ce qui peut bien fonctionner pour l’animé car il y a une ambiance sonore, etc., et les enfants se font un peu des films avec les nuages et tout... des choses plus difficiles à exploiter sur le format papier, donc on a été obligé de prendre des libertés de ce côté-là. C’est vrai qu’il y a des courses poursuites très bien réalisées en dessin animé. Mais dans le manga, voir 50 courses poursuites, ça ne fera peut-être pas le même effet, ce n’est pas le même genre de rythme de narration. Il y a donc eu ce séquencé, et pour chaque tome il y a un storyboard que fait Thomas et qui balaye le volume entier, qui est soumis à Bernard et qu’on fait valider chapitre par chapitre, le crayonné puis l’encrage.

Illustration complète couv tome 1
Illustration complète de la couverture du tome 1


D'ailleurs, comment se passe concrètement la collaboration avec Bernard Deyriès ?
Thomas Bouveret : On s’est rencontrés plusieurs fois, notamment ici dans les locaux de Kazé, on s’est fait des petites réunions.

Mehdi Benrabah : Oui, au début surtout, pour mettre le projet sur les rails, car c’est un monsieur qui est assez occupé et qu’on ne peut pas toujours convier comme ça dans nos bureaux. Mais la plupart du temps c’est par mail : on lui montre les étapes quand elles sont concrètes (quand c’est encré, quand il y a le décor, etc.) pour qu’il puisse faire son retour (souvent sur les graphismes des personnages en fait), et bien entendu les couvertures à chaque étape pour qu’il puisse valider dans les meilleures conditions.

Il s’est beaucoup impliqué dans le projet ?
Thomas Bouveret : Il était assez enthousiaste. Il s’est bien impliqué dans chaque chapitre, chaque scène, il a regardé si les personnages correspondaient bien, s’ils avaient bien l’âme du personnage initial...

Mehdi Benrabah : Il ne s’est pas privé pour faire des remarques en tout cas. Il est exigeant, mais c’est normal, c’est un peu le papa.

Thomas Bouveret : Et ça a apporté de très bonnes choses finalement, puisque du coup ça enrichit encore plus le manga.

Ne crains-tu pas que les fans de la première heure puissent se montrer trop exigeants, conservateurs et, de fait, déçus par cette adaptation ?
Thomas Bouveret : Pas vraiment parce que je pense que chacun a sa propre opinion. Par exemple, il y aura peut-être des personnes qui voudraient que le manga soit fidèle au dessin animé, d’autres qui préféreront que cela soit une histoire parallèle ou autre chose. Forcément, c’est impossible de séduire tout le monde. Même si on avait choisi de faire 15 volumes et repris toutes les scènes, il y aurait obligatoirement des personnes qui auraient moins aimé que d’autres, et c’est normal. Donc, non, je n’ai pas peur de ça.

Mehdi Benrabah : Il y a une pression qui est certaine mais ça nous semble plus intéressant de proposer quelque chose de différent. Ca ne nous intéressait pas de faire trait pour trait ce qui a déjà été fait. On préfère partir sur quelque chose de différent, proposer quelque chose de nouveau. Déjà, on a la bénédiction des ayants-droits, et puis nous ça nous plaît. Au fil des planches, Thomas s’approprie de plus en plus les personnages... Après, on espère qu’un maximum de gens adhèrera mais on ne peut évidemment pas plaire à tout le monde.

Le public visé est-il celui des trentenaires nostalgiques ou la démarche est aussi d’étendre à un public plus large, faire connaître la première série aux plus jeunes à travers le manga ?
Thomas Bouveret : Un peu des deux. Le challenge a été de trouver une forme de design et de narration qui puisse convenir autant aux anciens qu’aux lecteurs de la nouvelle génération. Pour ceux qui n’ont pas eu la chance de voir l’ancienne saison, le manga leur permettra de la découvrir de manière différente et plus rapide puisque l'histoire y évolue plus vite.

Mehdi Benrabah : C’est une expérience différente. Ce sont les codes mangas que la nouvelle génération connaît bien et maitrise. Du coup, c’est par cette fenêtre qu’on essaye de les toucher. Il y en a beaucoup qui vont découvrir Esteban à la TV dans la deuxième saison, et bien il faut qu’ils sachent qu’il y a déjà eu une cité d’or de découverte avant.

dessins divers


Comment s'est déroulé le travail sur les bonus de fin ? As-tu participé ou est-ce uniquement du ressors de Kazé ?
Mehdi Benrabah : On a travaillé avec Gilles Broche (le président de l’association « Les enfants du Soleil », qui est l’association la plus incollable en France sur Les mystérieuses cités d’or) que Thomas connaissait déjà. C’est lui qui est venu à nous pour faire les paratextes. On voulait proposer un manga, certes, mais vraiment dans l’esprit de la série animée. Et quand on pense Mystérieuses cités d’or, on pense au générique, à Esteban, Zia, Tao, et aussi à ces reportages de trois minutes qu’il y avait à la fin de chaque épisode. Du coup, il y a quelques dessins inédits qui ont été faits par Thomas pour les besoins du bonus. On a essayé d’agencer ça de façon à ce que ça soit le moins ennuyeux possible pour le jeune lecteur. On fait parler les personnages, il y a un côté ludique, mais on essaye de les lier à la BD. On fait parler un peu Pichu aussi. Il ne faut pas que ça soit aussi fastidieux que pourrait être un manuel d’histoire, et cela fait une quinzaine de pages.

Comment s'est déroulée la réalisation côté dessin ? Tu avais un assistant pour les trames et un pour les décors apparemment (Yann Delahaie, aka Eacone, et Maxime Jager, Aka Makuzoku)...
Thomas Bouveret : A la base, avant de débuter les premières pages, une grande question s’est posée : est-ce qu’au niveau des délais, ça ne serait pas plus efficace de travailler avec des assistants ? C’est quelque chose qui a été pensé avant la production pour faire des tests avec différentes personnes qui pourraient potentiellement travailler sur le manga. Petit à petit, deux personnes ont été sélectionnées. Après, on a travaillé à distance et tout s’est bien passé.

Mehdi Benrabah : C’est le modèle de fonctionnement normal des mangakas au Japon, donc on s’est dit « Pourquoi ne pas tenter ça pour avoir un meilleur rendement ? ». Ca équilibre bien le travail et on est plutôt satisfait du résultat.

Est-ce que vous avez poussé la logique jusqu’au bout, avec une date de rendu à respecter pour chaque chapitre, ou avez-vous travaillé le tome 1 dans sa globalité ?
Thomas Bouveret : Je pense que c’est obligé de s’imposer des règles chaque jour, chaque semaine, chaque mois. Le temps passe tellement vite que si on n’a pas un minimum de contraintes, c’est dur de sortir les volumes après rapidement. Du coup, c’était obligé de faire quelques deadlines. Par exemple, pour chaque mois tel nombre de pages, un chapitre ou plus, pour un rendement suffisamment bon pour qu’après les délais de publication prévus soient respectés.

On t’a d'abord connu avec Element R (Glénat), un titre très critiqué tant pour le scénario que les dessins. La copie que tu rends avec Les mystérieuses cités d’or est bien plus engageante. Comment s'est déroulée ton évolution graphique depuis Element R ?
Thomas Bouveret : La méthode de travail avec Element R était un peu différente. Il faut voir aussi que c’était le premier manga que je sortais. Le scénario n‘existait pas déjà, c’était donc très différent et la manière de travailler aussi. Je pense qu’après, quand on n’arrête pas de travailler, de faire plein de planches, forcément, petit à petit, on s’améliore. Au bout d’un moment, on commence à comprendre ce qui est plus efficace au niveau du trait. C’est en faisant plusieurs fois les choses qu’on commence à évoluer. Et puis, en même temps, les critiques sur Element R étaient intéressantes et m’ont permis justement de comprendre des choses et de m’améliorer. Par exemple dans le premier volume, il y avait des scènes d’action maladroites dans les traits de vitesse, et puis j’ai commencé à prendre goût à la vitesse, qui est un élément vraiment bien adapté au style manga. Petit à petit, j’ai pris un grand plaisir et j’ai commencé à apprendre les méthodes qui pourraient être plus efficaces pour qu’on ait une sensation d’avoir plus d’impact sur le mouvement, la dynamique. Et après, c’est avec du recul, en s’exerçant jour après jour finalement. Même pendant la réalisation d’Element R, il y avait un travail continu. Je pense qu’on peut le remarquer déjà rien qu’entre le premier et le second volume. Par exemple, je pense que le dernier chapitre du volume 2 est le meilleur. Mais bon, ça reste un acharnement, une volonté de s’améliorer, c’est quelque chose d’infini, on peut toujours s’améliorer.

Thomas Bouveret au dessin
Thomas Bouveret au dessin


Maintenant que tu connais l'œuvre sur le bout des doigts, quel regard portes-tu sur la première série animée des Mystérieuses cités d’or ? Ta vision de l’œuvre a-t-elle changé ?
Thomas Bouveret : J’aime toujours autant, ça c’est certain. Après, oui, on voit peut-être les choses d’une autre manière quand on dessine tous les jours les personnages. Forcément, il y a un petit attachement supplémentaire. J’ai l’impression qu’avec le manga, j’apporte une touche différente, et du coup ma vision a peut-être évolué. En même temps, c’est une sorte d’hommage que je fais au dessin animé et j’ai la chance de pouvoir un peu communiquer avec les personnages en les dessinant.

As-tu vu la seconde saison et qu’en penses-tu ?
Thomas Bouveret : Pour l’instant, je n’ai vu que les deux premiers épisodes. C’est clairement différent de la première saison mais ça se comprend. Le dessin animé veut s’adapter un peu plus à tout le monde, aux nostalgiques et aux gens de la nouvelle génération. C’est vrai que même si j’aime bien les dessins épiques de l’époque, ça serait peut-être un peu bizarre de se ramener aujourd’hui avec des cellulos sur la deuxième saison. Maintenant, les technologies sont complétement différentes, ce serait un peu inapproprié.

Es-tu intéressé pour dessiner plus tard l’adaptation de cette suite des Mystérieuses cités d’or ? Ou bien des projets de continuer dans ce créneau avec par exemple une adaptation d'Ulysse 31 ?
Thomas Bouveret : Oui, pourquoi pas. Ce sont des idées qui me sont bien évidemment passées par l‘esprit. Pour être honnête, avant de penser à l’adaptation des Mystérieuses cités d’or, j’avais hésité avec Ulysse 31. Pour l’instant, il n’y a rien de concret, mais ce sont des projets qui peuvent être intéressants.

D'ailleurs, quelles séries animées regardais-tu étant gamin ? Quelles BD, quels mangas, quelles séries TV ?
Thomas Bouveret : J’étais plutôt sur les séries de dessins animés du club Dorothée : DBZ, Les chevaliers du Zodiaque / St Seiya, Nicky Larson / City Hunter, Ranma 1/2... C’était un peu plus ma génération en fait.

Et aujourd'hui ?
Thomas Bouveret : J’aime bien plusieurs types de séries. Je peux autant rester sur des séries nostalgiques que des séries nouvelles. Ça peut être des titres sortis en vidéo chez des éditeurs français ou même des mangas ou des dessins animés qui ne sont pas encore sortis en France. C’est vraiment un Perso groupe 2 petit peu de tout qui m’intéresse.

Mehdi Benrabah : Tu pourrais au moins lâcher un titre de chez Kazé ! (rires)

Et que lis-tu comme manga récent ?
Thomas Bouveret : Un peu de tout, des titres comme Berserk, K-On...

Mehdi Benrabah : Entre Berserk et K-On, on peut dire que tu es très ouvert ! (rires)

En tant que trentenaire, es-tu friand des mangas qui visent un peu cette tranche d’âge via la nostalgie, sortis (ou ressortis) ces dernières années ? Astroboy, Wingman, Sailormoon...
Thomas Bouveret : J’avoue que j’en ai pas mal, que ce soit DBZ ou City Hunter. Pour City Hunter, j’avais largement préféré la version manga d’ailleurs, par rapport au dessin animé. Ranma 1/2 était sympa aussi. Des fois, entre l’animé et le manga, c’est présenté de manière différente, mais chacun à son charme.

En tant que fan des Mystérieuses cités d’or, ou de mangas et d’animés en général, es-tu aussi porté sur les produits dérivés ?
Thomas Bouveret : J’en ai achetés beaucoup sur des séries en tout genre, mais je me suis calmé ces dernières années. J’ai une petite vitrine avec des figurines en résine et en PVC. J’étais aussi pas mal collectionneur de artbooks avant, et de posters japonais, sur des séries qui me plaisaient à ce moment-là. Ca pouvait aller de City Hunter à Cowboy bebop... Plein de trucs en fait.

Te considères-tu comme ce que les médias appellent aujourd'hui un « adulescent », et que penses-tu de ce terme ?
Thomas Bouveret : Je trouve que c’est un nom qui rajeunit, je trouve ça positif finalement...

Mehdi Benrabah : Pour ma part, je trouve ça un peu connoté négativement, ça fait adulte qui ne grandit pas. Comme c’est présenté dans les médias, ça fait très « qui fuit les responsabilités ». Alors qu’en fait, t’es grand sur le papier mais tu peux rester jeune dans ta tête, être responsable et t’intéresser à des séries soi-disant « pour les gamins ».

Thomas Bouveret : Chacun a ses visions des choses sur ce terme-là, mais moi ça ne me choque pas. C’est amusant je trouve, je ne vois rien contre.

Si tu pouvais visiter l’esprit d’un autre auteur, qui choisirais-tu, et pourquoi ?
Thomas Bouveret : Il y en aurait plusieurs, mais le premier qui me vient en tête pour le moment est l’auteur de Keiji (Tetsuo Hara, NDR). Son nouveau manga n’est pas sorti en France. Ce que j’aime dans ce titre c’est l’enjeu. J’ai beaucoup été séduit par le côté psychologique de l’histoire, et donc ça m’intéresserait bien d’en savoir plus sur comment il construit son scénario, comment il arrive à créer un climax aussi stressant à certains moments.

Pour conclure, devenir réalisateur de l’adaptation manga des Mystérieuses cités d’or, est-ce un rêve qui se réalise en tant que fan ?
Thomas Bouveret : Exactement ! En plus, comparé à d’autres dessins animés, ce que j’aime dans celui-ci, c’est le côté aventure, un petit peu épique, la découverte du monde... Même s’il n’y a pas la musique dans le manga, je l’entendais dans ma tête. C’était unique, en dessinant, je sentais que j’étais un peu dans l’aventure quelque part, c’était génial !


Merci !

Pichu
Pichu, dessiné par Thomas Bouveret




Merci aux éditions Kazé


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Pour en savoir plus sur la genèse des Mystérieuses cités d'or et des autres séries du studio DIC, n'hésitez pas à vous reporter à l'ouvrage Les séries de notre enfance, dont la page Facebook se trouve ici :

couverture Les séries de notre enfance


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Toutes les photos de l’article sont ©Nicolas Demay