interview Comics

Neil Gaiman

Bonjour Neil Gaiman, peux-tu te présenter ?
Neil Gaiman : Je m'appelle Neil Gaiman et j'ai commencé à écrire des comics et des romans en devenant journaliste. J'ai commencé comme journaliste alors que je souhaitais écrire des comics parce que je ne savais pas comment commencer dans ce métier. A l'époque, il n'y avait pas d'internet, pas de livres enseignant comment écrire des comics...C'était très hermétique. Finalement, j'ai appris à écrire des comics en demandant à Alan Moore comment il s'y prenait. Et il m'a montré ! Il m'a écrit tout ça dans un calepin. Juste comme ça: "Page un, première case...", en décrivant le contenu de la case. J'ai alors écrit quelques histoires courtes, je les ai envoyées à Alan qui m'a dit "Ok, elles sont bien" et puis je n'ai rien fait d'autre pendant toute une année; je n'ai fait qu'écrire. Écrire dans le cadre de mon travail de journaliste, écrire d'autres histoires courtes... Puis, un jour, j'ai rencontré un homme dans un pub. Je lui ai demandé ce qu'il faisait dans la vie et il m'a répondu "J'écris des comics et toi ?". Je lui ai dit que j'étais journaliste mais que je voulais écrire des comics. Il m'a rappelé trois ou quatre jours plus tard et m'a demandé "Tu veux écrire des comics ?" je lui ai dit que oui, je voulais faire ça et il m'a dit "Bien, je lance un nouveau magazine et je voudrais que tu écrives des comics pour moi". J'ai donc commencé à écrire des comics à pour ce nouveau magazine et j'ai rencontré un jeune homme nommé Dave McKean qui allait lui aussi écrire des comics pour ce même magazine. Lentement mais sûrement, on a tous les deux réalisé que ce magazine n'allait jamais voir le jour. Il n'y avait pas... L'argent n'existait pas, pas plus que la volonté de mener le projet à bien... MAIS ! J'ai apprécié Dave ainsi que son travail, Dave m'a apprécié en retour ainsi que mon travail. Et un homme nommé Paul Gravett - qu'Eddy Campbell surnomme "L'homme à la croisée des chemins" car d'après lui il se trouve toujours au bon endroit au bon moment - nous a demandé à Dave et à moi-même de réaliser un strip de cinq pages pour le magazine Escape. Et quand nous lui avons demandé s'il serait ennuyé si, à la place, on lui remettait une histoire tenant sur quarante-huit pages, intitulé Violent Cases, il nous a dit que non. On a donc commencé à travailler sur Violent Cases et on en était à la moitié quand des gens de DC Comics sont venus, depuis les États-Unis, à la recherche de nouveaux talents. Je les ai appelés, Dave et moi les avons rencontrés et ils nous ont dit "On aime ce que vous faites. Que souhaiteriez-vous faire ?". J'ai alors commencé à suggérer des personnages et ils disaient sans arrêt "Non, non, ils sont déjà pris, non, non, quelqu'un d'autre travaille dessus, non, Matt Wagner fait un truc sur les démons, etc." Je suis devenu désespéré et j'ai fini par suggérer l'Orchidée Noire et là ils m'ont dit "Ok, c'est bon, faites l'Orchidée Noire". Et voilà comment nous avons commencé.

Comment décrirais-tu le style "Neil Gaiman" ?
Neil Gaiman : Comment pourrais-je décrire mon style... Lettré.

Comment est né L'océan au bout du chemin ?
Neil Gaiman : J'ai commencé L'Océan au bout du chemin parce que ma femme me manquait. Elle se trouvait très loin de moi et elle me manquait. Elle était alors en Australie, où elle enregistrait un disque, et j'ai eu l'idée de lui envoyer une nouvelle. Juste une preuve d'amour, comme envoyer des fleurs ou des chocolats mais en sachant que, là, ce serait plus significatif. Je me suis dit que j'y incorporerais le genre de choses que ma femme aime. Et elle m'aime, moi. Je vais donc mettre de moi dans cette histoire. Elle a toujours voulu en savoir davantage sur mon enfance, comment c'était... J'allais donc créer un narrateur ayant une enfance similaire à la mienne, vivant au même endroit où j'ai vécu, quelqu'un dont l'enfance était géographiquement la même que la mienne. L'histoire n'est donc pas autobiographique mais la géographie, oui.

Tu fais régulièrement référence à d'autres livres. Est-ce un hommage ?
Neil Gaiman : Je ne pense pas qu'aucun de nous existe seul. Je ne pense pas que quoi que ce soit existe dans le vide. Et je pense qu'il est toujours bon de montrer aux gens d'où l'on vient. Dans un récit comme L'Océan au bout du chemin, ça devient plus compliqué car la plupart des autres livres auxquels je me réfère et ceux que je cite sont fictifs. Je dois donc créer des livres auxquels me référer et que je puisse citer.

Est-ce que tu te donnes des limites lorsque tu inclues des éléments autobiographiques ?
Neil Gaiman : Les limites de la fiction. C'est comme ça que j'ai commencé, avec Violent Cases. c'était mon premier roman graphique et ça parle de moi à l'âge de trois ans. Mr Punch aussi traitait de moi et de ma famille, quand j'avais sept ans. On a toujours des limites et on les franchit en permanence car le fait est qu'en tant qu'auteur, on cannibalise ce que l'on pense, ce que l'on ressent et ce qui nous est arrivé. Et si on le fait bien, nécessairement on expose trop son âme, son cœur, soi-même.

Quel est ton prochain défi artistique ?
Neil Gaiman : Mon prochain défi consiste à travailler sur une comédie musicale. Travailler avec le Public Theater de New York

Peux-tu nous parler de ton amitié avec Alan Moore ?
Neil Gaiman : Bien sûr ! Nous sommes amis depuis maintenant près de trente ans. Aujourd'hui, il a encore plus d'anneaux aux doigts et encore plus de gris dans barbe qui s'est fournie, elle aussi. Mais il reste Alan. Il est très drôle, très doux. Probablement la personne la plus intelligente que je connaisse. Je ne crois pas qu'Alan ne m'ait jamais inspiré professionnellement. Il m'a en revanche inspiré dans ma vie car je regarde ce qu'il fait et je lui dis "Tu crée ton propre monde et tu vis dans le monde dans lequel tu as choisi de vivre" et je trouve ça incroyable. La plupart d'entre nous ont choisi de faire un compromis, nous vivons dans un monde qui est, en partie, celui dans lequel nous souhaitons vivre mais qui est aussi en partie le monde d'autres personnes.

Parmi tout tes romans, lequel crois-tu le plus adaptable en comics ?
Neil Gaiman : Je ne sais pas ! J'ai tendance à réfléchir aux choses tout en les faisant, telles qu'elles sont. Je n'écris pas Anansi Boys ou American Gods ou L'Océan au bout du chemin en me disant "je l'écris comme un roman, serait-ce une bonne chose si quelqu'un en faisait un comics ?" Je conçois mes comics comme des comics et mes romans comme des romans. Cela signifie donc que, parfois, des gens m'approchent et me demandent "Puis-je en faire un film ?" ou "Puis-je l'adapter en comic-book ?", etc. Et la plupart du temps je réponds oui. Mais je ne me dis jamais "Oh j'aimerais que quelqu'un prenne cette nouvelle et en fasse un comics !" car si je voulais en faire un comics, je l'aurait écrit comme tel.

Comment décides-tu qu'une idée deviendra un roman ou un comic book ?
Neil Gaiman : Si ça me vient à l'esprit avec des images et que ces images sont fixes, alors c'est probablement un comics. Si ça me vient sous la forme de mots, alors c'est probablement un roman. Et si ça me vient sous forme d'images et que ces images s'animent, qu'il y a du son, alors c'est probablement pour le cinéma ou la télévision.

Tu aurais découvert les comics par le biais d'une boîte ayant appartenue à ton oncle...
Neil Gaiman : En vérité, je ne sais pas de qui provenaient ces livres. Peu de temps avant sa mort, je parlais à mon père de cette boite de comics qui était apparue quand j'avais sept ans. Il m'a dit "Oh, je sais qui t'a offert cette boite, je vais te le dire" puis il est mort. C'est donc, aujourd'hui encore, un secret. Mais oui, c'est ainsi que j'ai réellement découvert les comics; quelqu'un m'en a donné une boite pleine, remplie de comics qui étaient... Les comics DC avec les "Go-Go Checks" [NDT: un bandeau en damier en haut de la couverture, un format destiné à démarquer les comics DC en kiosque], Carmine Infantino dessinant Batman et Flash et aussi Gil Kane sur Green Lantern, Murphy Anderson sur Hawkman, Mike Sekowsky illustrant Justice League et bien sûr Jack Kirby, Don Heck et Gene Colan travaillant sur les comics Marvel des débuts des années soixante.

Tu as écris de nombreuses aventures de Sandman. Tu y es même revenu dernièrement...
Neil Gaiman : Sandman est définitivement une œuvre personnelle mais, comme tu l'as dit, toutes mes œuvres de fiction tendent à être personnelles. La dernière aventure s'appelle Sandman : Overture. Quand j'ai écris Sandman, tout au début, dans le premier numéro, il est très faible. Il est capturé et on apprend à mesure que l'on avance dans son histoire qu'il revenait d'un galaxie lointaine - je crois que j'ai utilisé la phrase "testé au-delà de toute résistance" - et c'est la raison pour laquelle il fut si aisé de le capturer et de le mettre dans une boite. Mais je n'ai jamais raconté cette histoire, ce qu'il faisait dans cette galaxie lointaine et pourquoi il était aussi fatigué, aussi épuisé. Voilà, c'est donc cette histoire. Je ne l'avais jamais racontée car elle ne s'insérait jamais, à aucun moment, dans la structure de Sandman, du 1er au 75ème numéro. Mais, maintenant, j'ai cette opportunité.

Les rêves dans Sandman ont une grande place. Quel est le plus mémorable selon toi ?
Neil Gaiman : Parfois, à de très brefs instants. Les rêves ne sont pas des histoires. Donc, normalement, je n'utilisais mes rêves que lorsqu'il me fallait représenter des rêves, dans Sandman. Dans "Jouons à être toi", j'ai attribué un de mes rêves à un des personnages. Quand elle trouve un nourrisson qui a été autopsié puis suturé et qui revient à la vie pour essayer de l'attaquer, ça c'était un rêve que j'ai fait. Et je me souviens m'être réveillé et m'être dit "Oh, je vais utiliser ça dans Sandman".

D'où t'es venu l'idée de Marvel 1602 ?
Neil Gaiman : En résumé, 1602 est survenu à cause du 11 septembre. Je ne voulais pas écrire d'histoire qui se serait déroulée dans le New York contemporain. Je ne voulais pas écrire une histoire comportant des explosions, des armes, des choses qui font "bang"... Je voulais écrire une histoire très éloignée du 11 septembre. On était dans la semaine qui a suivi et il me fallait écrire une histoire pour Marvel. J'étais à Venise pour deux ou trois jours. J'étais seul et il n'y avait pas de touristes car les américains étaient tous rentrés chez eux et personne ne prenait d'avion pour où que ce soit. Je déambulais dans une Venise déserte quand je me suis dit "Je vais écrire une histoire; une histoire qui se déroule il y a très longtemps de ça".

Echanges-tu avec tes dessinateurs ?
Neil Gaiman : Ce que je fais surtout c'est écrire un script... Ce que je fais d'abord c'est parler avec eux, tout d'abord. J'essaye de comprendre ce qu'ils ont envie de faire, en tant qu'illustrateurs mais on parle aussi de ce que j'envisage, moi. Ensuite, j'écris le script que je donne aux dessinateurs qui, à leur tour, l'illustrent.

Tu as créé le personnage d'Angela dans la série Spawn. Pourquoi la voit-on chez Marvel ?
Neil Gaiman : Todd McFarlane s'est conduit d'une manière dénuée de toute éthique. Il a menti, il a fait de nombreuses promesses dont il a cherché à se défiler et j'ai fini par le poursuivre en justice. J'ai gagné le procès, Todd a fait appel et j'ai encore gagné en appel. Puis Todd a commencé à faire appel sur différents points du jugement et j'ai, là encore, gagné. À la fin, Todd a réalisé qu'il ne serait pas en mesure de l'emporter. Même s'il pouvait engager une armée d'avocats, il ne pouvait pas changer la loi à son avantage. On a fini par conclure un accord et on a échangé nos personnages car Todd utilisait beaucoup de choses que j'avais créées. Dans le 9ème épisode de Spawn, j'avais créé Medieval Spawn, j'avais créé le concept d'autres Spawns et Todd lui-même a dit durant le procès qu'il ne lui était jamais venu à l'idée qu'il y eut pu avoir d'autres Spawns... J'ai créé le personnage de Cagliostro pour lui et, bien sûr Angela. Au terme du procès, une des choses que nous avons faites a été d'échanger. Je lui ai donné le concept de Medieval Spawn ainsi que Cagliostro et lui m'a donné les droits relatifs à Angela. Chacun est parti de son côté et j'avais hérité de ce personnage de comics. Et je ne me souviens pas d'être allé au marché avec Angela. Je ne suis pas allé démarcher DC Comics, Dark Horse ou IDW - qu'importe - et ce n'est pas comme si j'étais retourné chez Image pour la leur proposer non plus. Les gens de chez Marvel étaient très intéressés et ce depuis très longtemps. Ils adoraient le personnage et je pense qu'ils savaient que les lecteurs adoraient eux aussi ce personnage. Ils sont donc venus à moi et m'ont demandé "Aimeriez-vous que l'on donne une maison à Angela ?" J'ai accepté et je suis très heureux qu'elle ait rejoint l'univers Marvel. Blague à part, ils m'ont dit "Voilà ce que l'on veut faire avec elle" et j'ai dit "Très bien". J'ai fait quelques suggestions et, pour sa toute première apparition, dans les Gardiens de la Galaxie, Brian Michael Bendis m'a envoyé le script après qu'on en a discuté. J'ai légèrement modifié le texte de ses dialogues afin qu'elle soit vraiment elle-même, à mes yeux. Mais aujourd'hui, elle est complètement livrée à elle-même.

Dave McKean et toi avez une relation très privilégiée...
Neil Gaiman : Dave et moi travaillons ensemble depuis maintenant, là encore, près de trente ans. C'est probablement mon meilleur ami dans le sens de quelqu'un auquel on finit, étrangement, par faire tacitement confiance pendant trente ans. On travaille ensemble, on passe du temps ensemble quand on peut - il vit en Angleterre et moi aux États-Unis et on se retrouve parfois dans des lieux comme Paris -. J'admire beaucoup son travail et je l'admire beaucoup lui, en tant qu'individu. C'est un homme bien, brillant, toujours déterminé dans ce qu'il fait et j'adore le fait qu'il parvient toujours à me surprendre. Si je lui confie la réalisation d'une illustration, ce qu'il me rend n'est jamais ce à quoi je m'attendais. Je me retrouve toujours devant, à me dire "Quoi, ça ? C'est si bizarre, je ne voyais pas ça comme ça, mais c'est génial !" C'est ça, ma relation avec Dave et cela fait trente ans que je suis émerveillé.

Si tu avais le pouvoir cosmique de visiter le crâne d'un auteur, qui choisirais-tu ?
Neil Gaiman : J'aimerais entrer dans l'esprit du tout premier artiste, quel qu'il fût. J'aimerais découvrir ce qui a permis au tout premier artiste de passer de... Au tout début de l'espèce humaine, l'art n'existait pas jusqu'à ce que, subitement, l'art existe. Donc la seule personne dont j'aimerais visiter l'esprit serait le tout premier artiste. Je lui demanderais "Qu'est ce qui a changé ? Qu'as-tu vu ? Qu'est-ce qui t'a fait voir le monde ainsi et qu'est-ce qui t'a poussé à restituer cette vision au monde ?"

Tu travailles pour énormément de médias. Comment fais-tu le choix entre tous ?
Neil Gaiman : Oui, j'ai travaillé pour de nombreux médias. Ce qu'il faut faire c'est observer quelles sont les forces de chaque média et quelles sont ses faiblesses. Les comics sont fabuleux car ils te donnent des images mais il n'y a pas de mouvement ni de bande son. Tout ce que l'on fait, avec les comics, c'est compenser, donner l'illusion du son et du mouvement. Avec les films, tout se déroule en temps réel. L'histoire va se dérouler en 100, 120 minutes. Il y aura du mouvement, du son, des images et des acteurs. Mais tu ne peux pas t'assurer que les gens pourront revenir plusieurs fois sur ce que tu a fait, qu'ils pourront décoder, ralentir l'ensemble et y aller à leur rythme. De plus, avec un film, on ne peut pas faire beaucoup de choses dans l'esprit du spectateur car tout est ingéré à travers leurs yeux. Avec le texte, on donne aux gens quelques lettres, des signes de ponctuation... On est comme un programmeur entrant du code brut que le lecteur va compiler et exécuter afin de construire un univers, un monde. Ce processus de reconstruction, chaque lecteur va le faire avec sa propre vision, sa propre intonation et il y aura autant de visions que de lecteurs. Avec une émission de radio, tu n'as pas de visuel mais tu peux travailler à l'intérieur de la tête des auditeurs car ils doivent participer et imaginer. C'est ce qu'une émission de radio t'oblige à faire. En résumé, chacun de ces médias - et je pourrais continuer longtemps en citant d'autres médias - a donc ses forces et ses faiblesses. Chaque média a des avantages fabuleux mais aussi des contraintes très frustrantes et, parfois, il s'agit de la même caractéristique. Le théâtre, par exemple. Une partie de la joie que l'on ressent au théâtre vient du fait que le spectacle, la représentation particulière à laquelle on assiste est unique et n'aura ainsi lieu devant nous que cette seule et unique fois. Et ce qui est tragique avec le théâtre, c'est que la représentation particulière à laquelle on assiste est unique et n'aura ainsi lieu devant nous que cette seule et unique fois. On peut pas filmer du théâtre, on ne peut pas l'enregistrer convenablement. Quand on fait ça, on finit toujours par être déçu car l'expérience même consistant à s'asseoir à sa place alors que tout cela prend vie et s'anime devant soi... Cette expérience ne peut pas être enregistrée, tout ce que l'on peut faire c'est la vivre et c'est ce qui rend le théâtre merveilleux.

Peux-tu nous parler de ton passage sur Miracleman ?
Neil Gaiman : Tu sais, c'est tellement étrange car Miracleman... Même quand j'étais rapide, Miracleman était lent. Maintenant je suis vieux et je suis lent. Ça m'inquiète de penser au temps qu'il va nous falloir à moi et à Marc pour conclure Miracleman. Je pense que, pour moi, Miracleman a toujours été un challenge. C'était ce merveilleux challenge qu'Alan Moore nous a laissé, consistant à retirer tout ce que l'on utilise d'ordinaire pour raconter des histoires et à vous présenter un monde où il n'y a pas de violence, pas de crime et pas de guerre. Un monde où les gens sont heureux. Comment est-ce qu'on raconte une histoire avec ça ? Et ça, pour moi, c'était un challenge fabuleux. Parce que je me suis dit "Bien sûr, comment raconte-t-on des histoires ?". Quand j'ai commencé sur Miracleman, on pensait que le personnage appartenait à Alan Moore, Gary Leach et à Dez Skinn et qu'Alan m'avait passé le relais. Or, Miracleman appartenait toujours à Mick Anglo. Le copyright lui appartenait toujours ! Il ne l'avait pas cédé à la compagnie et le personnage n'était pas tombé dans le domaine public non plus. Marvel a fini par racheter les droits de Miracleman à Anglo et je me suis dit "Enfin, je vais pouvoir conclure mon histoire !". Mais j'étais exactement à mi-chemin dans mon histoire de Miracleman quand Eclipse Comics a coulé. Mon run n'était qu'à moitié fini. J'avais écrit l'Âge d'Or et j'étais à la moitié de l'Âge d'Argent. Il me reste donc aujourd'hui à conclure l'Âge d'Argent et à écrire la dernière histoire, intitulée les Âges Obscurs. Ça va être intéressant. Ça va être un très gros défi. Heureusement, j'ai Mark Buckingham à mes côtés. Mark est courageux, sage et intelligent. Un très bon dessinateur.

Merci Neil !

Remerciements à Alain Delaplace (l'homme qui a traduit Chuck Norris !) et sa traduction impeccable, à Guillaume Clavières (pour le gîte, le couvert et la participation), à Mathieu Auverdin (pour sa sympathie et son sens de la traduction instantanée), à Nicolas Demay (pour la session photo) et bien évidemment à l'équipe Au diable Vauvert avec en particulier Anaïs Hervé (pour son organisation et son accueil) et à Anne Vaudoyer.

Sandman Neil Gaiman


PAR

25 octobre 2014
©Au diable vauvert édition 2014

C'est au lendemain d'une séance de dédicaces de plus de 4h30 que nous avons eu la chance et le plaisir de rencontrer Neil Gaiman. Romancier, scénariste et artiste au sens large du terme, il est l'auteur de nombreux chefs d'œuvres comme American Gods ou encore Sandman. Présent en France pour soutenir la promotion de son livre intitulé l'Océan au bout du chemin, nous avons interviewé un artiste épuisé et subissant encore les effets d'un jet lag prononcé. Cela ne l'a pas empêché de faire preuve de sérieux et d'esprit, et ce durant une bonne trentaine de minutes. Habitué à nous faire voyager au sein des rêves les plus fous, Neil Gaiman a su nous laisser sur notre petit nuage...

Réalisée en lien avec les albums L'océan au bout du chemin, Sandman T2, Sandman T1, Marvel 1602 T1
Lieu de l'interview : Agence Anne & Arnaud à Paris