interview Comics

Sara Pichelli

Bonjour Sara Pichelli, peux-tu nous parler de tes derniers projets en date, comme Ultimate Spider-Man, par exemple ?
Sara Pichelli : Ok. Je suis la seule et unique artiste, celle qui a créé Miles Morales, aux côtés de Brian Michael Bendis, dans les pages de Ultimate Spider-Man. J'ai effectué le premier run du personnage, run qui a duré 10 numéros. Après ça, je suis passée sur une nouvelle série de science-fiction, intitulée Les Gardiens de la Galaxie, mais je crois que tu as déjà du en entendre parler, par l'intermédiaire du film.

En parlant des Gardiens de la Galaxie, tu as succédé à Steve McNiven. Comment as-tu approché cette transition, d'un point de vue graphique ?
Sara Pichelli : J'ai repris le flambeau au milieu du second numéro des Gardiens de la Galaxie. Donc, l'ensemble des designs étaient déjà présents. J'ai du donc m'efforcer de m'approprier l'ensemble sans toutefois trahir ce que Steve avait déjà fait. Il m'a fallu faire attention, respecter ses designs, l'aspects des lieux sur Spartax ou d'autres planètes déjà aperçues dans la série. Mais, tu sais, nos styles sont différents mais pas tant que ça. Ils sont tous les deux assez réalistes, donc ça n'a pas été un gros problème.

C'est, pour toi, une nouvelle collaboration avec Brian Bendis. Vos rapports ont-ils changé ?
Sara Pichelli : Ils s'en sont trouvés renforcés ? On travaille ensemble depuis 2010, ça fait 4 ans, maintenant. Presque cinq !

Te sens-tu plus libre, sur un plan créatif ?
Sara Pichelli : Oui, c'est naturel dans le sens où l'on apprend à se connaitre l'un et l'autre. Professionnellement parlant, bien sûr. [rires] Mais oui, je comprends désormais aussitôt ce qu'il souhaite, quand je lis son script. il n'a plus besoin de mettre autant de précisions dans ses scripts.

Une particularité présente dans les Gardiens de la Galaxieainsi que dans Ultimate Spider-Man, c'est que, quand tu n'as pas la possibilité de tout faire, Dave Marquez te remplace au pied levé. Est-ce ton remplaçant officiel ?
Sara Pichelli : Non, pas vraiment. Dave était co-dessinateur avec moi, sur Ultimate Spider-Man. Après, je suis allée sur les Gardiens de la Galaxie et il est devenu l'illustrateur en titre sur Spider-Man. Sur les Gardiens de la Galaxie aussi, on a été plusieurs à se relayer : il y eu Valerio Schiti, Olivier Coibel... Je ne sais plus. [rires] Mais on a été beaucoup !

Le succès des Gardiens de la Galaxieau cinéma a été une surprise, est-ce que ça a changé quelque chose pour toi ?
Sara Pichelli : Oui : plus de gens achètent le comics ! [rires] C'est une bonne chose !

Je voulais dire sur un plan artistique ? Est-ce que Marvel a influé sur la direction artistique du comics ou bien est-ce que Brian est resté seul maître à bord ?
Sara Pichelli : Je n'en ai aucune idée ! [rires] Mais je crois que le film est en retard sur le comics. Il faut plus d'un an pour réaliser un film et quand on voit le nombre de comics sortant dans cette période... Je pense que c'est plutôt le film qui doit chercher à s'insérer dans la continuité imposée par les comics et non l'inverse.

Sais-tu combien de temps tu vas rester sur la série des Gardiens de la Galaxie?
Sara Pichelli : Pfff. J'en ai fini avec les Gardiens de la Galaxie. J'en ai illustré 12 numéros et là, je travaille sur un nouveau projet encore secret mais qui ne devrait pas tarder à être annoncé.

Sur Spider-Men 2 ?
Sara Pichelli : Il y aura effectivement un Spider-Men 2 mais ce n'est pas ce projet-là.

As-tu un personnage préféré dans les Gardiens de la Galaxie?
Sara Pichelli : Groot.

Et pourquoi lui ?
Sara Pichelli : il est parfait. Il ne dit toujours qu'un même mot, une même phrase et il réussit à tout faire passer avec.

Est-ce difficile pour toi de réussir toutes les expressions de Groot en ne te basant que sur cette phrase ?
Sara Pichelli : Je pensais qu'il serait difficile de rendre un arbre expressif mais, au final, j'ai adoré le fait de devoir imprimer ces expressions sur cet adorable végétal !

Est-ce que Brian Michael Bendis te donne plus d'informations sur ce que pense Groot lors de certaines séquences, afin de le dessiner au plus juste ?
Sara Pichelli : Non, non, non. Brian n'écrit pas ce qu'est censé signifier "I am Groot", en réalité. Il se contente de décrire une scène. À partir de là, j'en déduit les ressentiments et j'accorde au mieux l'expression du visage avec les autres dialogues ou ce qu'exprime le sentiment général des personnages.

Quel est le plus difficile dans cet univers ?
Sara Pichelli : C'est beaucoup de travail. La science fiction fonctionne quand elle est très détaillée. Il faut montrer de nouveaux lieux, de nouveaux mondes, des nouvelles planètes, des extra-terrestres... Et tout doit être crédible, pas comme dans les vieux films ! [rires] Même si c'est de la fantasy, il faut que l'univers soit crédible.

As-tu des univers de science-fiction préférés ?
Sara Pichelli : Pas pour tout. Parfois je vais lire un script et "Oh, une nouvelle planète à décrire". Youpi ! [rires] Difficile de décider comment l'illustrer...

Avais-tu lu les numéros précédents de Gardiens de la Galaxie ?
Sara Pichelli : Non, je dois être honnête, je ne l'avais jamais lu avant de travailler dessus !

La succès de la série, dès le premier épisode, a aussi été une surprise, non ?
Sara Pichelli : Oui mais, tu sais, la clé de ce succès ça a été l'humour de la série. Les gens en avait besoin, de cet humour, au sein de l'univers des super-héros.

Beaucoup de gens disent que les Gardiens de la Galaxie sont le Star Wars de Marvel...
Sara Pichelli : Oui. Je ne sais pas pourquoi les gens adorent tout comparer : Interstellar est le 2001 de Nolan... Mais ce n'est pas mon truc. Je n'aime pas comparer les choses. Appréciez-le si vous l'aimez et détestez-le sinon mais arrêtez de le comparer à Star Wars. Star Wars a ses propres qualités, des qualités qui étaient significatives à l'époque où c'est sorti.

Si tu avais le pouvoir cosmique de visiter le crâne d'un autre auteur pour en comprendre le génie, qui irais-tu visiter ?
Sara Pichelli : Te souviens-tu de ma réponse, la dernière fois ? Parce que je ne me rappelle pas du tout de ce que je t'ai répondu [rires] et je ne voudrais pas dire la même chose.

Tu avais répondu Will Eisner !
Sara Pichelli : Ah, ok. Je dois prendre un artiste de comic-book ? Ah, n'importe... Oh, il y en a tellement. Cette fois, je dirais probablement Egon Schiele. Il faisait partie de mes grandes influence, parmi les peintres, avec Klimt, Mucha et Rockwell. Mais lui, il était fou à lier. Voilà pourquoi j'aimerais le rencontrer ! [rires]

Et qu'est-ce que tu souhaiterais trouver, dans sa tête ? Sa technique ?
Sara Pichelli : Non. On voit dans son œuvre qu'il faisait ça instinctivement. C'est juste que, même si c'est impossible, j'aimerais comprendre comment employer cet instinct. C'est difficile, probablement impossible, mais bon.

Je ne me rappelle plus de ta réponse à notre précédente rencontre mais : es-tu une lectrice de comics ?
Sara Pichelli : Oui.

En as tu lu un qui t'ait particulièrement plu, récemment ?
Sara Pichelli : C'est français et ça s'appelle Blast, de Manu Larcenet. C'en était un, de Blast [NDT: "it was a blast" = "c'était l'éclate" en français], c'était génial.

Tu l'as lu dans quelle langue ?
Sara Pichelli : J'ai lu les deux premiers en italien mais, je ne sais pas pourquoi, les autres n'ont pas été publiés en Italie. Donc je les ai achetés en français.

Tu ne connais pas la fin ?
Sara Pichelli : Non. Alors chut ! [rires]

Peut-être plus tard, alors...
Sara Pichelli : Oui, c'est ça. On échangera des spoilers.

Grazie Mille Sara !

Remerciements à Aurélie Lebrun et à Emmanuelle Verniquet de l'agence Games of Works pour l'organisation et à Alain Delaplace pour la traduction..

Sara Pichelli


PAR

21 novembre 2014
©Panini Comics édition 2015

Nous avions déjà croisé la route de la dessinatrice italienne Sara Pichelli à l'occasion de la sortie de l'event Spider-Men. La jeune femme venue du monde l'animation a très vite fait sa place au sein de Marvel au point qu'elle a illustré une douzaine de numéros sur la série populaire de ces derniers mois : Les Gardiens de la Galaxie. Nous avons profité de sa venue lors de l'édition 2014 de la Paris Comics Expo pour parler avec elle de son actualité passée et future.

Réalisée en lien avec les albums Les Gardiens de la Galaxie (vol.3) T1, Les Gardiens de la Galaxie (vol.3) T2
Lieu de l'interview : Paris Comics Expo