interview Comics

Sean Phillips

©Delcourt édition 2011

A l'occasion de la sortie simultanée en 2007 du premier opus de Criminal et de 7 psychopathes, nous avions déjà rencontré Sean Phillips. Grâce à un rythme de travail toujours impressionnant (6 à 7 planches par semaine), l’auteur a encore livré, depuis lors, des albums marquants : Marvel Zombies, Incognito. Cette dernière série est même nominée parmi les albums de l'année 2011 au festival d'Angoulême 2012. Nous avons donc profité de la venue du dessinateur pour lui poser de nouvelles questions…

Réalisée en lien avec les albums Incognito T2, Criminal T5
Lieu de l'interview : Festival d'Angoulême

interview menée
par
18 novembre 2011

Bonjour Sean, pour ceux qui ne connaitraient pas encore, peux-tu te présenter ?
Sean Phillips : Je m'appelle Sean Phillips, je travaille depuis maintenant une trentaine d'année dans les comics. Comme je dessinais depuis tout petit, j'ai rencontré pas mal de monde en Angleterre. Quand je suis devenu professionnel, je me suis rendu compte que le marché anglais se limitait quasi exclusivement à 2000AD. Ensuite, tout a décollé au fil des ans.

Tu travailles souvent avec Ed Brubaker. On a pu découvrir Sleeper, Criminal et Incognito, vous vous entendez bien tous les deux ?
SP : Oui mais ce sont surtout les histoires qui sont bonnes. Je l'avais rencontré au festival Comic Con de San Diego. Nous avons sympathisé assez vite et il m'a parlé de Sleeper. Le projet était vraiment emballant. Il écrit vraiment très bien et il est vrai que depuis, nous ne nous quittons plus. J'en suis particulièrement ravi car Criminal et Incognito ont reçu un excellent accueil, notamment en France. Et puis, j'espère que ce que l'on prépare à l'avenir vous plaira encore (NDR : Sean Phillips fait sûrement allusion à Fatale, un nouveau projet avec Ed Brubaker).

© Sean PhillipsUne des particularités de votre collaboration, ces dernières années, est d'alterner sans cesse Criminal et Incognito. Pas trop difficile de suivre pour toi ?
SP : Non, pas du tout. Les univers sont très différents et surtout, Ed ne me parle pas des épisodes suivants. On fonctionne comme ça depuis Sleeper. Il me laisse avancer dans mon travail et lorsque je lui envoie mes planches, il indique d'éventuels changements et les accompagne de la suite de l'histoire. C'est motivant pour tout le monde, comme ça.

Criminal est une des meilleures séries de polar publiées ces dernières années. Acceptes-tu que je la range à côté de Sin City ?
SP : Comme tu veux. On essaie de faire quelque chose de toujours intéressant pour le lecteur et pour nous aussi. C'est vrai qu'il y a un point commun entre Criminal et Sin City. Chaque album peut se lire individuellement au niveau de l'histoire. Il y aussi beaucoup de violence et jamais de véritable fin à cet univers. Le marché américain est inondé de séries de super héros et c'est vraiment génial de voir qu'un titre comme le notre puisse fonctionner.

La dernière fois que l'on s'est rencontré, Marvel Zombies n'était pas encore sorti en France...
SP : C'est assez marrant, car les premiers chapitres de Marvel Zombies sont sortis avant Criminal. En France, vous avez découvert mon travail d'un seul bloc ! Ce projet était très différent de ceux sur lequel je travaille en temps normal. Le marché américain des super héros est intense et j'ai du travailler plus vite que d'habitude sur Marvel Zombies. Je ne pense pas que cela se voit beaucoup, vu que ce titre est assez sombre. Comme tu peux le voir, j'enchaîne des univers très différents les uns à la suite des autres.

© Sean PhillipsEt ta collaboration avec Robert Kirkman, comment s'est-elle passée ?
SP : Je ne le connais pas ! Je n'ai eu que des contacts avec mon éditeur. Il faut dire qu'il est très pris depuis le succès de Walking Dead.

Cela a t-il été amusant pour toi de dénaturer les iconiques super héros et d'en faire de sauvages amateurs de chaîr fraîche ?
SP : J'ai bien aimé leur donner un aspect plus sombre. Cela n'aurait pas autant fonctionné avec Batman, il est déjà très dark. Pour Spider-Man, c'est tout le contraire, ça a bien fonctionné. J'ai apprécié ce travail.

Cette année, Incognito a été sélectionné parmi les nominés du festival d'Angoulême. Qu'en penses-tu ?
SP : C'est génial. Je ne le réalise pas vraiment et je ne pense pas avoir de grandes chances de gagner. Ce sera sûrement un album français qui gagnera. Enfin, c'est déjà très bien de faire partie des albums indispensables de l'année.

Quels sont tes projets futurs ?
SP : Dans ce que je peux te révéler, il y a un projet de bande dessinée pour Delcourt, de la science-fiction. C'est quelque chose que je n'ai encore jamais exploré. Il y aura des vaisseaux spatiaux et plein de choses que je n'ai jamais eu l'occasion de dessiner. Encore du Criminal et un autre projet avec Ed. Il y a aussi quelque chose pour Dark Horse. Je suis assez occupé !

Comment trouves-tu le temps de venir à des festivals ?
SP : Héhé, je termine toujours la veille de la cérémonie d'ouverture. Vu que je fais 8 pages par semaine en moyenne, je garde un rythme élevé.

Si tu avais la possibilité de visiter le crâne d'un autre auteur pour en comprendre le génie, qui irais-tu visiter ?
SP : Aujourd'hui, je te dirais que j'aimerais bien aller dans la tête d'un rédacteur de magazines dans les années 80. A cette époque, certains ont tentés des choses assez folles et certaines n'ont jamais été comprises, même par moi !

Thanx Mr Phillips !

© Sean Phillips