interview Comics

Viktor Kalvachev

©Ankama édition 2012

Jusqu'alors peu connu, le nom de Viktor Kalvachev se répand progressivement dans le monde du 9ème art. Un épisode de DMZ par ci, des couvertures de comics par-là, mais aussi et surtout sa participation à Blue Estate, l'un des nouveaux polars chorales qui, sans le crier sur tous les toits, se présente en successeur potentiel de 100 Bullets. Sur cette série, il scénarise, dessine, fait les couvertures mais aussi recrute des illustrateurs talentueux venant du monde entier (France y compris !) A l'occasion de son passage au festival d'Angoulême, nous avons questionné l'artiste qui espère que son travail plaira au plus grand nombre. Vu le talent, on n’en doute guère…

Réalisée en lien avec les albums Blue estate T2, Blue estate T1
Lieu de l'interview : Jawad K'fé à Paris

interview menée
par
20 avril 2012

© Viktor Kalvacher Bonjour Viktor Kalvacher, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
Viktor Kalvachev : Bonjour je m'appelle Viktor Kalvachev, je lis des comics depuis tout petit. Je suis né en Bulgarie et y ai vécu pendant une vingtaine d'année. Ensuite, je suis parti vivre aux USA. Mes premières lectures étaient Pif Gadget, même si je ne comprenais pas ce qui était écrit. En fait, à l'époque les bandes dessinées étaient interdites en Bulgarie, à l'exception de Pif Gadget. Je pense que c'est parce que cela était édité par le parti communiste français. Chaque mercredi était un Noël pour moi. Ensuite, j'ai découvert Rahan et d'autres artistes fabuleux. J'adore >Dylan Dog qu'un ami italien m'a conseillé. Ne pas comprendre le texte – je ne parle pas italien – m'a permis de comprendre l'essentiel de la narration et de la façon dont on peut raconter les choses.

Ton style est étonnement varié (NDLR : allez zieuter ça sur son blog : http://www.kalvachev.com/blog.html)
VK : J'admire l'art et je suis inspiré par tout ce que je vois. J'ai envie de dessiner et de créer, peu importe le style.

© Viktor Kalvacher Quelles sont tes influences ?
VK : Il y en a beaucoup trop. Si je devais te citer un seul artiste, ce serait Dave Johnson qui m'influence beaucoup dans sa façon d'approcher les couvertures. Je l'ai rencontré il y a longtemps et c'est un ami. Il est phénoménal, intelligent et très gentil. Il a révolutionné notre média !

Comment es-tu arrivé sur DMZ ?
VK : C'est une histoire amusante. Je lisais depuis un moment 100 Bullets et je suis allé dans ma boutique de comics Playing Colors. Là-bas, les vendeurs m'ont soutenu que DMZ était super, donc je l'ai acheté. J'ai vraiment accroché et j'en ai parlé avec Dave Johnson qui a montré mon travail à l'éditeur. J'ai ainsi pu travailler sur mon cycle préféré de DMZ : Friendly fire (Tirs amis).

Tu as également fait un titre qui se nomme Pherone...
VK : C'est une Jason Bourne au féminin, qui fait des choses horribles sans s'en rendre compte. C'est une histoire sombre, moins complexe que Blue estate. J'ai travaillé là-dessus dans le cadre d'une société de jeu. Au départ, c'était un scénario de jeu vidéo. Le projet a été arrêté car quelqu'un de haut placé pensait que ce n'était pas cool de jouer un personnage féminin.

© Viktor Kalvacher Comment est né Blue estate ?
VK : Je me suis énormément inspiré de Guy Ritchie. C'est un mélange de Snatch et de Get Shorty. C'est une histoire compliquée avec beaucoup de personnages et de sous intrigues. Cela peut paraître un peu fou, mais tout a un sens. Par exemple, le nombre important de dessinateurs sur le projet est normal : à chaque fois qu'il y a un événement qui doit marquer le lecteur, le dessinateur change. Cela peut arriver au milieu d'une même page, voir même d'une même case. On l'a déjà fait avec Nathan Fox.

J'ai cru voir qu'il y aurait un dessinateur français à l'avenir dans Blue estate...
VK : Oui, c'est un ami à moi qui s'appelle Aleksi Briclot. Je respecte énormément son art et on essaie de voir ce qu'il peut faire sur des scènes d'action. J'espère rencontrer de nouvelles personnes à Angoulême qui ont du talent et qui souhaiteraient participer à la série. En fait, il y a aussi un autre auteur français avec qui je vais travailler et qui s'appelle Kieran. Son approche visuelle est proche de celle que l'on souhaite sur Blue estate.

© Viktor Kalvacher Connais-tu déjà la fin de Blue estate ?
VK : Dès le départ, on savait comment cela allait se terminer. Si on n'avait pas la fin, cela aurait été impossible à faire.

As-tu d'autres projets, hormis Blue estate ?
VK : J'écris en ce moment la seconde saison de Blue estate et elle me prend beaucoup de temps. J'espère que cela fonctionnera toujours. Si ce n'est pas le cas, on fera comme DC Comics, on fera un reboot de Blue estate !

Lis-tu toujours de la bande dessinée ?
VK : Oui, bien sûr. J'adore Blacksad, je suis devenu fan de cette série. Il y a aussi Dying love de Tomm Coker, qui a d'ailleurs fait des pages de Blue estate.

Si tu avais le pouvoir de visiter le crâne d'un autre auteur pour en comprendre son génie, qui choisirais-tu ?
VK : Un seul ? Oh non ! C'est la question la plus difficile qu'on m'ait posée. Je ne peux pas choisir, il y a trop de styles que j'aime. Il y a des films ou des livres. Je crois que je vais te dire Guy Ritchie, j'aimerais savoir comment il arrive à garder un tel rythme dans ses films avec autant de personnages.

Merci Viktor !

© Viktor Kalvacher