L'histoire :
Après s’être gavé de Framboisines, Fernando se rend à la convocation du mage Pueblo. Ce dernier lui propose de remplir une mission dans le monde des hommes, afin d’en ramener le Sage Patrix, jadis envoyé là-bas par les maruflans. Seul le sage Patrix et ses grands pouvoirs peuvent les aider à ranimer la « boule de feu » et empêcher que « la barrière » se désactive. Son grimoire sous le bras, Pueblo emmène Fernando dans la forêt et récite l’incantation pour faire apparaître un portail inter-mondes. Un piaf artisan apparait alors, qui construit une porte en bois toute bancale. Fernando passe la porte et se retrouve aspiré dans une autre dimension. Au terme d’un incroyable labyrinthe quantique, il aboutit devant une sorte de passeur qui lui pose 3 énigmes. Fernando répond un peu au pif, mais ça passe. Il apparait ensuite dans le monde des hommes dans une zone commerciale, de nuit. Il considère un magasin de luminaires comme une taverne chaleureuse. Mais à ce moment-là, Didier sort de la boutique en tenant son chien Rocky en laisse (il manquait une ampoule à sa lampe de chevet). Fernando voit tout de suite le sage Patrix, en ce chauve moustachu en jogging. Le sage Pueblo déguisé en frite lui confirme…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bienvenue dans la bande dessinée d’heroïc-fantasy la plus parodico-foutraque du XXIème siècle et de l'hémisphère nord. Ceux qui connaissent l’univers régressif d’Anouk Ricard ne seront certes pas surpris par ce dessin naïf, enfantin, et ce sens du dialogue potache, qui donnent à chaque page la sensation de partir dans le n’importe nawak… mais en fait nan. L’idée de départ est cependant bel et bien de raconter une quête d’heroïc-fantasy, en éculant scrupuleusement tous les grands poncifs du registre. Le héros Fernando, un quidam sans passé et sans allure, fait donc un aller-retour dans le monde des hommes, pour en ramener le Sage Patrix, car il est le seul à pouvoir régler un vague problème de boule de feu à réanimer, dans une guerre séculaire contre les maruflans. Ne cherchez pas plus loin, c’est volontairement basique. Dès lors, l’autrice déroule sa trame classique en passant par toutes les étapes du genre, sans autres surprises que des vannes foireuses, des répliques superfétatoires ou surréalistes (« – Je ne rentre pas, je veux me marier avec lui ! – Tu vas pas épouser un chauve en slip ! – Il est gentil, lui au moins ! – Oui et j’ai un jogging d’habitude. »). Mais le plus surréaliste dans ce bouquin d’hyper grand format, vient sans doute de la composition graphique. Car le dessin gros nez et régressif d’Anouk Ricard vient se superposer à des décors infographiques bidouillés sous Photoshop® par Etienne Chaize dans un registre radicalement différent, avec une forte saturation de couleurs. Rien n’est fait pour atténuer le décalage de style, mais la composition et la mise en scène font que l’ensemble fonctionne tout de même pas mal. Pas si loin de la saga Poussin bleu (de Mr le Chien, chez Fluide Glacial), avec Boule de feu, on a vraiment la sensation d’explorer un monde parallèle de l’heroïc-fantasy…