L'histoire :
Jim, habillé d'un scaphandre, défonce la porte d'entrée de sa maison et plonge au cœur des océans. D'abord émerveillé par des méduses, il sera ensuite apeuré au moment d'être chassé par un effrayant requin blanc. Avant cela, il nagera dans une décharge sous-marine, se joindra à des bancs de poissons et trouvera une épave. A l'intérieur, un coffre scintillant, et plus loin, une ville endormie, noyée, au seuil des Enfers. Voyage au centre de la Terre dans les abysses de la grande bleue et voyage à l'intérieur de lui-même, Jim Curious va se confronter à d'autres mondes, réalistes, aquatiques ou oniriques, source d'aventures uniques.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Curieuse, la BD grand format de Matthias Picard l'est tout autant pour Jim, héros nautique de l'histoire, que le lecteur, plongé dans les joies insoupçonnées de la lecture en 3D. Oui, deux paires de lunette bicolore sont fournies en fin d'album, pour profiter pleinement du voyage « en relief » dans les entrailles de la Terre. Pour histoire, un petit garçon qui enfile son scaphandre et plonge dans un monde aquatique aussi mystérieux dans ses ressorts que bigarré dans sa faune. Immersion en 3D entre terre et mer, paradis et enfer, Jim invite le lecteur dans sa quête de merveilleux et part à l'assaut d'un monde inconnu plus ou moins inaccessible, étrange et presque inquiétant. Au-delà de l'histoire, l'intérêt réside surtout dans une nouvelle façon de faire et de lire de la BD. Matthias Picard utilise d'ailleurs une technique de grattage sur du noir et blanc pour « épaissir » la page et lui donner cette impression de profondeur. Si le fond de l'histoire n'est guère très original (et encore, ça se discute), Jim Curious propose en revanche une expérience de lecture unique. Peur de squales agressifs, quête de paix et d'immortalité, découverte de terra incognitae, retour aux sources, la BD est habitée de surprises, de clins d'œil, d'impressions variées. Elle offre la maîtrise du temps à celui qui lit, tout en laissant le champ libre à pas mal d'interprétations dans cet univers à l'imaginaire foisonnant. La profondeur des plans décuplant alors ambiance et sensations marines, donnant vie à la faune et à la flore sous nos yeux ébahis, entre poésie et féerie. Certains évoqueront peut-être une belle idée qui ne produit pas grand chose, un scénario sans audace ou même un simple délire expérimental. Matthias Picard sacrifie-t-il le récit au bénéfice du système ? Qu'importe, à vrai dire, pour peu que l'on se concentre sur un ressenti, ou un moyen d'accéder par la 3D à ce qui nous échappe dans le réel. Distrayant, amusant, grisant même, on se laisse donc aller au seul plaisir du voyage nautique et au vertige du dépaysement qu'il procure, en saluant au passage ce spectacle original et muet, façon immersion dans un aquarium géant, source d'enchantement. Allez hop, on plonge dans le grand bain !
