L'histoire :
Le jour se lève sur la petite île où (sur)vit Jim Curious, dans un cabanon à côté d'un phare. Une libellule le réveille en se posant sur la visière de son scaphandre. Puis elle disparaît à travers la porte-miroir située dans une pièce simple et unique, dénuée d'ameublement. Jim se lève et se regarde dans le miroir. De l'autre côté, il s'aperçoit en 3D... ce qui le rend guilleret. Le temps de trouver son équilibre, dans son imposant scaphandre rondouillard, et le voilà qui part. Il traverse cet épais miroir, comme composé d'une surface liquide verticale. Il atterrit dans une spectaculaire lagune préhistorique. Des nuées de libellules virevoltent entre de hauts arbres tropicaux surmontés de petites feuilles grasses. Au loin, des montagnes, tout autour un marécage. Son scaphandre étanche lui permet de s'aventurer plus loin. Il progresse donc, lentement, à travers la mangrove, tantôt marchant, tantôt nageant. Il parvient à grimper sur une berge et s'avance dans la pénombre d'une épaisse forêt humide. Les reptiles et les batraciens le laissent en paix, visiblement peu attirés par cette curieuse proie de métal. Jim a parfois toutes les peines à trouver son équilibre sur ce sol boueux et accidenté. Mais il poursuit son exploration de cette jungle incroyable d'un autre temps. Le voici désormais dans les plantes et les papillons...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le procédé de l'imagerie 3D, que l'on découvre avec des lunettes dotées d'un verre vert et d'un verre rouge, est quelque peu antique. Tout comme le monde antédiluvien qu'explore initialement Jim Curious dans le second volet de ses aventures jeunesse. La jungle du titre est en effet préhistorique... au début. Elle s'entrelace ensuite entre les ruines d'une civilisation précolombienne, avant de muer finalement en montagne, de laisser apparaître des reliques de notre civilisation contemporaine (une locomotive moderne !), puis un désert de limon (un fond d'océan sec) et de permettre à ce héros lunaire en scaphandre de revenir à son point de départ, par une pirouette fantastique très pratique. Le scénario linéaire, muet et un peu gratuit de cette série s'adresse évidemment aux tout jeunes lecteurs, qui s'émerveilleront forcément de ce dépaysement radical, pour plusieurs raisons. D'une part parce qu'un bonhomme rond et jovial qui part à l'exploration de l'inconnu, sécurisé par le cocon d'un scaphandre a priori conçu pour résister à tout, c'est toujours sympa. D'autre part parce que les décors qu'il traverse sont réellement merveilleux, extraordinaires, un peu périlleux parfois, sans jamais aller jusqu'aux territoires de l'angoisse. Mais enfin, et surtout, parce que ce canevas simple et linéaire se prête idéalement au procédé de la 3D, parfaitement maîtrisé et utilisé à bon escient, avec plusieurs niveau de profondeurs et parfois une impression réelle de mouvement (l'envol du toucan). Mathias Picard se plaît dans cet exercice de carte à gratter et de calage-décalages des couches noires-vertes-rouges, qui réclame un énorme boulot (7 ans séparent les deux tomes). On espère que Jim Curious vivra encore bien d'autres aventures !