L'histoire :
Secrétaire médical dans un centre de chirurgie esthétique, Jean-Pierre Martin est conscient d’être le prototype du salarié moyen, au vécu banal et au destin sans grande importance. Pour se prouver qu’il existe, il s’est inscrit dans un club de boxe française, en dépit de son physique chétif. Régulièrement, il arrive donc au boulot le visage couvert de sparadraps… Un jour qu’il se rend chez son pote Cyril, il rencontre Agnès, une jeune fille qui vend des barres de nougat pour une soit disante œuvre caritative. Il ne le sait pas, mais Agnès est la fille de Jeanne, une patiente du cabinet où il travaille, quinquagénaire et plus liftée qu’un djumbé. Après avoir arnaqué Jean-Pierre de 10 euros, Agnès s’enfuit avec son mec, un zonard endetté jusqu’à la moelle. Cyril, le pote de Jean-Pierre, est un jeune homme « branchouille » qui fait des doublures voix dans un dessin animé. Il ne le sait pas, mais la boîte où il travaille appartient au père d’Agnès. Et tandis qu’Agnès rencontre Cyril, Jean-Pierre rencontre Jeanne…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On en voit défiler, des personnages dans cette chronique sociale ! Un peu à la manière du film Short cuts de Robert Altman, tous les personnages ont un rôle à jouer dans la vie des autres. Les relations conscientes et inconscientes qui les relient, influencent l’évolution de leurs histoires privées. Même si leurs préoccupations et leurs caractères sont différents, ils évoluent tous finalement dans le même monde. Mais Gregory Mardon (Cycloman, Vagues à l’âme) ne veut rien démontrer. Il s’atèle juste à nous dépeindre une chronique contemporaine, à travers plusieurs tranches de vie entremêlées ou indépendantes. Cet exercice est d’ailleurs fort réjouissant. La psychologie de ses protagonistes est crédible et surtout, l’examen de nos obsessions sociales fort mal assumées fait mouche (le père enfermé dans son travail, la recherche de la perfection plastique de la mère, la rébellion des enfants…). Le dessin moderne et rapide, et le choix de couleurs très « tendance », ne doivent pas arrêter les adeptes de BD plus « classiques ».