Neal Adams est une légende. Il est mort le 28 avril, à l'âge de 80 ans mais sa contribution monumentale aux comics de super-héros restera éternelle. Artiste à la technique hors-pair, il révolutionne le genre en amenant le réalisme au service des personnages, en perfectionnant leur dessin sur le plan de l'anatomie, quand il se révèle également un story teller hors pair au moyen d'une mise en page qui, il faut bien l'avouer, fait voler en éclat les standards encore calqués sur ceux du maître, Jack Kirby.
Si on regarde du côté des icônes super-héroïques, on pense immédiatement à son Batman. Avec Adams, on passe d'un personnage plutôt pop (avec ce que cela comporte de kitsch) à la figure qu'on connaît depuis. Il creuse le sillon que Franck Miller a approfondi. Le premier Batman à la puissance redoutable, c'est Neal Adams qui l'a « sculpté ». La Gotham gothique et inquiétante, défendue par une créature nocturne aux talents incomparables de détective, c'est Neal Adams qui l'a d'abord construite. Du côté de chez Marvel, sans Neal Adams, les X-Men seraient passés à la trappe. C'était d'ailleurs l'intention de l'éditeur et Neal Adams arracha la reprise du groupe de Mutos pour quelques épisodes qui rencontrèrent immédiatement le succès et le reste appartient à la légende... Côté « psychologie », l'américain a fait partie de ceux qui ont sorti les comics de super-héros des ornières des parutions pour enfants : avec Green Lantern et Green Arrow, il soulève des questions de société. Avec Deadman, il façonne un personnage qui questionne la vie et la mort et effleure la métaphysique. Il y aurait tant de choses à souligner encore... On pense aussi au légendaire Superman vs Muhammad Ali et à l'élégance folle du kryptonien sous ses traits, tout comme son Conan alliait force et souplesse. Enfin, il n'est pas possible de passer sous silence son combat pour la défense des auteurs, qui lui valut aussi le respect de Will Eisner himself, en dehors des qualités artistiques qu'il lui reconnaissait. Neal Adams est parti au firmament, mais cela fait un bail qu'il figure parmi celui des auteurs US. Et il vit et vivra, à travers des dizaines d'artistes qu'il a su inspirer et inspirera encore. Oui, vraiment, célébrons sa mémoire, dans ce deuil dans la famille des comics.