L'histoire :
Le capitaine Corbeau annonce à l’adjudant Pruneau sa mutation dans l’Ile de Beauté, en raison de son amour immodéré pour le saut à l’élastique. Prime de risque et solde de campagnes de guerre sont prévues pour pallier aux zones à risques… qui recouvrent entièrement la carte de la Corse ! Corbeau lui conseille alors de bien savoir nager pour être tranquille. Il aurait préféré l’Irak, mais c’est une gendarmerie d'un petit village au beau milieu de l'île qui accueille notre pauvre gendarme. Il y découvre un autre mode de vie, avec d’autres gens, d’autres valeurs, et… d’autres lois. Tout ici est différend. Il doit oublier tout ce qu’il a appris sur le Continent. Or chassez le naturel et il revient au galop... Chaque jour est l’occasion d’une nouvelle découverte et d’une nouvelle aventure sur les mœurs et rites étranges de ces autochtones. Jusqu’au drame : comme si tous ces malheurs ne suffisaient pas, voila que notre pinzutu (étranger) mâconnais tombe amoureux d’une locale. Or Zapelle n’est autre que la fille d'une figure du village, un certain Pido, patron du bar et nationaliste exacerbé...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bienvenue chez les Corses... Et bonne chance ! est l’adaptation en BD de la pièce de théâtre montée en Corse par Eric Fraticelli, alias Pido. Pour la petite histoire, cet auteur est également acteur : il a joué dans la série télé Mafiosa et le rôle du Piaf dans l’Enquête Corse, le film d'Alain Berbérian (2004), lui-même adaptation cinématographique du tome 12 de Jack Palmer de Pétillon. La boucle est bouclée. Corse pur souche, Pido dispose ainsi d’une légitimité toute naturelle pour parodier les touristes continentaux et croquer les traits et travers de ses concitoyens. Même si le thème n’est pas novateur, Pido réussit à nous faire sourire avec des personnages parfois truculents. Il met en scène nombre de particularités singulières de ce peuple étrange : leur susceptibilité, leur humour, leur notion du temps élastique (notamment pour les conflits entre familles qui durent quelques générations !), leur image du Continental et du touriste, le FLNC, les plastiquages, les attentats, le racket, leur notion bien particulière des élections, la prime à la vache, leur caractère mauvais joueur… Graphiquement, le style de l’italien Soffritti, qui travaille pour Disney et la presse italienne, souffre justement de ce travail pour un journal quotidien. Son dessin s’adapte peut-être à une presse journalière, moins à un album complet de bande dessinée. Certains personnages sont vraiment grossiers et ratés. La qualité des gags prend heureusement le dessus pour un moment de lecture agréable et sans prétention.