L'histoire :
Attablée au bord de la piscine d’une luxueuse villa baignée de soleil, en tenue légère, la belle Lola d’Estressac poursuit l’écriture de ses mémoires, tandis que son homme bouquine, allongé sur un bain-de-soleil. Soudain elle s’esclaffe. Régis s’interroge… Elle lui explique que c’est parce qu’elle est vraiment trop conne : elle a découvert que Régis l’avait trompée, mais avec elle-même ! Devant les interrogations de son homme, elle se met alors à tout lui raconter, depuis son enfance. En dépit de la bonne éducation dévolue à sa famille d’aristocrates, Lola avait toujours eu un comportement irrévérencieux. Au sortir de l’adolescence, au lycée, elle avait vécu une intense histoire d’amour… à trois. Elle avait été déçue. Puis elle avait été fortement marquée par le suicide de sa proche Charlène. C’est à cette époque qu’elle avait découvert ses penchants pour l’écriture et qu’elle avait rencontré Régis Lindon pour la première fois, conseiller financier du baron paternel. Malgré la différence d’âge, un seul regard avait immédiatement suffi entre ces deux-là pour décider de leur idylle à venir. Lola avait alors menti en disant qu’elle était enceinte de lui, afin que le mariage devienne inéluctable…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Nataël et Béja, père et fils, sont essentiellement connus pour avoir réalisé la sensuelle et hermétique trilogie Les griffes du hasard, dans les années 90. Hormis Fantic chez Emmanuel Proust, le duo s’est ensuite fait quasiment oublier du neuvième art, pour se consacrer au théâtre. Coucou les revoilà, pour ce one-shot dans un registre toujours très suave, chez 12bis. Au croisement de l’érotisme et du récit sentimental, ils livrent cette curieuse et intime confession d’une jeune aristo pas franchement coincée du cul. Narrée par les encadrés d’une voix off qu’on imagine lascive (made in Nataël), la tumultueuse vie sentimentale de Lola se doublonne en parallèle graphiquement, via l’élégant dessin érotique de Béja. Que les pornographes calment leur joie : cela reste très soft et plus dévolu à la poésie du corps qu’à susciter l’excitation. Occupant 90% des cadrages, la sexy Lola raconte donc son approche de l’amour, absolu et intense, auquel sa joie est entièrement assujetti (d’où le titre). Son récit piège peu à peu son homme, dévoilant un secret lourd de conséquences sentimentales. A défaut de servir une histoire pleinement passionnante, la narration évolue à des années-lumière des canons grand-public. Le verbe est besogné et soigné ; le dessin œuvre quant à lui dans une griffe toute aussi originale, juste et maîtrisée, que ne met guère en relief la profusion d’effets d’ombres et d’infographie d’une colorisation ocre et éteinte.