L'histoire :
Siège du Parti Socialiste, rue de Solférino… Ils sont là les Aubry, Royal, Fabius, Hollande et autres ténors de la gauche… attablés, accablés devant leur écran de télévision : les JT martèlent en boucle leur cuisante défaite à l’élection présidentielle. Une de plus, malheureusement. Aussi pour tenter d’enrailler cette malédiction, il leur faut en comprendre le pourquoi ou disparaitre à jamais. Reprendre le fil de l’Histoire semble être un bon début. Et, peut-être, commencer par reconnaitre que le problème historique de la gauche, pourvoyeur de défaites à répétition, n’est autre que l’argent. Le fric corrupteur, diviseur et son corollaire le pouvoir. Sans oublier sa face cachée : la fascination médiatique. Pour les aider à y voir plus clair, Martine Aubry semble avoir eu la plus lumineuse des idées. Elle convie en effet à cette analyse historico-sociologique l’un de ses plus éminents témoins en la personne de Jacques Attali. Un observateur privilégié, en particulier, des années Mitterrand…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ça démarre comme une bonne grosse fiction humoristique du genre pas crédible pour 2 ronds mais ironique à souhait…Pensez donc ! Nos coquins d’auteurs font un joli bond de quelques mois pour nous proposer le résultat de la présidentielle version 2012. A la clef : une énième défaite pour la gauche et la réélection de notre bon président (quand on vous disait que ça commençait par de l’invraisemblable absolu…). Du coup direction le QG du PS pour une analyse de la rouste avec les ténors du parti attablés. Et là ça ne rigole plus du tout... En 3 parties (les années Mitterrand, les années Jospin, les années DSK) denses, hyper documentées et jouant de l’ironie satirique pour éviter d’être taxés de partisans, nos 2 brillants journalistes font la démonstration du difficile rapport entretenu par la gauche avec l’argent depuis 1981. L’exercice plutôt bien étayé (souvent, tout de même, à renforts de grosses ficelles ou d’éléphantesques clichés) a le mérite de nous remémorer de savoureuses anecdotes et les « affaires », tout en montrant du doigt le fossé existant entre pratique et théorie. A l’inverse, en nous montrant une gauche empreinte du même esprit magouillard que celui de la droite, en s’amusant de son identique propension à se vautrer dans le luxe (d’où le droit au bling-bling pour elle aussi…), ou en démontrant par la caricature que ténors de droite et de gauche sont issus du même sérail de nantis, les auteurs entretiennent l’idée du politique universellement pourri. Un brin dommage, même si la démonstration repose sur du concret. Au-delà, on regrette que l’ensemble se montre rarement divertissant. Et qu’hormis le fictif prologue ou l’épilogue du même calibre, ce document bavard tombe des mains rapidement. Un album sérieusement documenté, en tout cas, à confier en priorité à ceux que le docu-politique fait vibrer.