L'histoire :
Michel Rocard arrive au siège du PS, rue de Solferino à Paris. Il précise au taxi qu'il n'est pas nécessaire de l'attendre : il va en avoir pour un moment. Auto-désigné arbitre des primaires socialistes, il se donne pour mission de fixer les règles d'une joute qui va opposer les 7 candidats à travers des épreuves historiques et pratiques, sorte d'énigmes politiques. Enigmes toutes résolues par François Mitterrand en son temps, ce qui l'avait mené à la victoire. Chacun des candidats sera aussi testé sur sa connaissance (des ficelles) du socialisme et plus largement de la gauche. Laurent Fabius est le premier en lice. Survolant la Normandie dont il est député en Seine-Maritime, il va être parachuté dans son fief afin d'y trouver un trophée et d'y entendre un récit dont il devra tirer un enseignement. Ce récit, ce sont les débuts de vie de François Mitterrand, enfant d'une fratrie charentaise et bourgeoise de 8 : 4 garçons, 4 filles. Il se passionne pour l'histoire et la littérature et suit de brillantes études jusqu'à son bac. Nous sommes en 1934 et il part s'installer à Paris, où il s'inscrit à Science Po et entame son parcours de leader en décrochant le titre de « président des étudiants bien-pensants ». Tiraillé par l'envie d'une vie extraordinaire, il hésite sur ses choix de carrière. Autant à droite qu'à gauche, à ce moment de sa vie. C'est en 1936 que le Front Populaire lui ouvre les yeux sur la droiture et la justice. Deux ans plus tard, c'est le coup de foudre… pour la future Catherine Langeais. Mais les astres, qui ont visiblement d'autres plans pour lui, font capoter l'entreprise. Tenu trop longtemps sur le front du début de guerre, blessé, prisonnier à plusieurs reprises, les monceaux de lettres qu'il enverra à sa belle n'y changeront rien : il la perdra. De guerre lasse, il s'exile à Vichy…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En ces temps de primaires socialistes et de grondements pré-électoraux, La gauche, primaires academy constitue un excellent divertissement pour bien comprendre que ce spectacle politique repose avant tout sur des hommes, non sur des idées ou des idéaux. Après La droite (septembre 2010) du même trio, le travail de Frédéric Ploquin (de Marianne), de Pierre Boisserie (entre autre scénariste de Dantes) et de Pascal Gros (de Marianne également) sur ce scénario réalistico-fantaisiste, est tout à fait à propos. Réel sur l'essentiel, fantaisiste dans la mise en forme de cette Star Ac’ socialiste, c'est avant tout la biographie politique de François Mitterrand. On y découvre beaucoup de moments clefs de son parcours, décrit avec moult détails et informations en filigrane. En 90 pages (!) les auteurs nous immergent complètement dans 60 ans de politique Française, tout en tournant en ridicule, il faut bien le dire, la bande de cadres du PS de la nouvelle génération. Des visages connus à chaque page, politiques pour la plupart, avec des yeux bizarres. Et Mitterrand pendant ses années moustaches, qui a des airs d'Omar Radad, n'enlève rien à l'intérêt de ce pamphlet bien mérité. La bande de candidats est une ribambelle de neuneus qui ne résout aucune énigme, en même temps qu'elle se place toujours au près de DSK (en uniforme de détenu sur la couv’) au cas où ce serait lui qui gagnerait… L'« affaire DSK » trouve donc déjà sa place dans le récit, et ça ajoute à l'intensité ! Quand la BD devient un outil d'information sur les ficelles de la république, c'est que les medias traditionnels sont bien en peine (ça on le savait). La Gauche (au côté de La Droite) est donc essentielle dans toute bonne bibliothèque de Bédien avisé. Bédiens, citoyens, même combat !