L'histoire :
En novembre 1917, deux hommes abattent un mur dans les catacombes sous la basilique de Saint-Denis. Ils sont vraisemblablement venus déterrer une relique et se savent espionnés… mais ils se savent également protégés par des forces occultes qui se chargeront de faire taire le mouchard. Au même moment, un train bondé de blessés arrive du front, en gare du Nord. Prosper Ravier, un soldat à l’agonie, demande à parler à un dénommé Raven… mais il succombe avant que ce détective de l’étrange n’arrive sur les lieux. Ce n’est pas réellement un problème pour Georges Raven, qui est doté de la faculté de parler aux morts depuis qu’il est miraculeusement sorti vivant d’une inhumation sous une pluie de bombes. Une fois seul dans la morgue – ou plutôt, seul avec son fantôme « de compagnie », Idriss, un marocain mort au combat – Raven appose une main sur la victime et se retrouve aussitôt propulsé en première ligne du front. Dans cet entre-monde, il est attaqué par des Uhlas à têtes de mort, des âmes errantes particulièrement néfastes. En ce lieu dangereux, Ravier a toute juste le temps de lui révéler que « Sodalitium Pianum » s’apprête à renverser la république à l’aide de forces occultes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Depuis quelques années, le scénariste Jean-Pierre Pécau n’apprécie rien tant que de mettre son érudition au service d’une « réinvention » de l’Histoire. Cela se fait par le prisme de l’uchronie (Empire), de l’anticipation (Une brève histoire de l’avenir) ou des contingences fantastiques (L’histoire secrète, Arcanes). C’est à cette dernière catégorie qu’appartient cette nouvelle série se déroulant dans les cercles ésotériques du pouvoir, durant la première guerre mondiale. L’horreur extrême du conflit se prête effectivement à toutes sortes d’interprétations et manipulations sataniques. Cependant, Pécau ne parvient pas à rendre attachant ce héros médium, ni à accorder la limpidité nécessaire à ses aventures aux frontières de l’au-delà. Comme trop souvent, l’auteur se borne à un empilement très mécanique d’éléments authentiques réinterprétés, occultant au passage le souffle narratif et la psychologie des personnages. L’auteur « fou d’Histoire » s’appuie néanmoins une nouvelle fois sur un dessinateur venu des balkans, véritable vivier de talents réalistes prompts à dérouler ses fictions. Pour sa première réalisation sur le marché fanco-belge, le serbe Jovan Ukropina se montre assez épatant : à travers ses encrages réalistes, perspectives, mouvements, décors, découpages sont aux petits oignons. Les fans de L’histoire secrète peuvent se jeter sur cette nouvelle série, dans une veine relativement similaire…