L'histoire :
Cet été là, au début des années 80, trois jeunes adultes profitent d’une journée pique-nique au bord d‘un lac. Les deux copines Maud et Sonam sont rivales pour conquérir le cœur d’Omer, véritable chevalier servant au cœur tendre. Maud feint même la noyade rien que pour pouvoir remercier son sauveur d’un baiser… au grand dam de Sonam, qui manque réellement de se noyer. Bien des années plus tard, de nos jours, la mère de Maud s’évade du service neurologique où elle est internée. C’est Omer, devenu garde forestier, qui la retrouve et la ramène à l’hôpital. Il tente de réconforter Maud, affligée, lorsqu’un fracas se fait entendre. Sa mère, véritablement démente, vient de se suicider en se défenestrant. Le jour de l’enterrement, la vieille copine Sonam téléphone à Maud pour lui annoncer qu’elle débarque le soir même pour la réconforter. Sonam est aujourd’hui une ingénieure reconnue (et très riche !) en télécommunications, porteuse d’un projet de satellite « révolutionnaire ». Néanmoins, Omer a toujours un petit faible pour Maud, simple coiffeuse. Dans un élan de réconfort, il tente ce soir là de l’embrasser dans son salon… et récolte une gifle. Sonam arrive pile poil pour assister à cette scène par la vitrine. Vu que ce n’est guère le moment d’aborder Maud, sur les nerfs, elle propose à l’amoureux éconduit une petite promenade nocturne en mer, à bord de son rafiot. Euphorique, elle s’enivre et lui fait des confidences scientifiques effarantes et inquiétantes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le thriller imaginé par Serge Le Tendre monte progressivement en tension dans ce premier tome de la trilogie prévue. Ce scénariste vétéran du 9e art n’a plus grand-chose à prouver : Le Tendre est à l’initiative de séries aussi cultes que La quête de l’oiseau du temps ou Jérôme K Jérôme. Il livre ici l’épisode pilote d’un thriller classique dans sa construction narrative, mais évoquant des sujets piquants. Un flashback nous présente tout d’abord un trio amoureux de protagonistes, dans leur jeunesse insouciante… Cette séquence passée sera complétée plus tard d’éléments nouveaux, riches en conséquences. Ce qui prend ensuite des allures de tragédie légèrement sentimentale, se teinte peu à peu de complot industriel et politique, et accorde à la série sa véritable plus-value à travers ce registre. Le cœur du sujet ouvre en effet le débat sur une question de santé publique très actuelle : les répercussions des ondes multiples et variées sur nos métabolismes et nos neurones. La couverture de l’album, un peu kitsch, n’est guère engageante, mais à l’intérieur, le dessin réaliste signé Laurent Gnoni s’avère agréable à suivre. Son découpage et ses cadrage assurent un rythme parfaitement prenant et son trait semble avoir gagné en assurance depuis L’ombre du cinéphage. Il est également intéressant de suivre l’astuce de colorisation qui consiste, lors des séquences en flashback, à traiter certaines zones comme délavée à la javel. Un début prometteur…