L'histoire :
Un jour qu’il range ses souvenirs de voyage, un extraterrestre tombe sur la capsule renfermant ceux d’une espèce primaire, découverte au détour d’une lointaine aventure. Voilà désormais bien des éons que l’étrange créature à trois yeux aux allures d’étron découvrit une plus étrange bête encore, bipède comme elle, mais guidée par une cervelle exploitée encore si petitement. Résultat, l’Homme – puisque tel s’est-il nommé – semblait se comporter souvent, pour ne pas dire toujours, ridiculement. De fait, ses enfants vieux de si peu d’années au regard de leur planète, s’estimaient éternels et maîtres de l’univers ! Imbus de leur science balbutiante, ils consommaient des ressources accumulées sur des millionnaires et se pressaient – voire se dressaient – les uns contre les autres. Une histoire résumait peut-être ce qui risquait de leur arriver : le jour de son anniversaire, un homme adulte reçoit un beau cadeau renfermant le bonheur promis par le progrès occidental. Et booomm ! Le changement climatique, la déshumanisation, l’arbitraire, la misère, etc, lui sautèrent à la figure ! Dévasté, celui qui croyait être comblé par la Nature se retrouvait puni d’avoir été trop gâté…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l’heure où s’écrit cette chronique, le paysage médiatique français est occupé par deux faits majeurs : l’imbroglio ridicule d’une élection politique sans vainqueur et la contestation musclée d’un projet aéroportuaire discutable. Nul doute que de ces deux affaires, se serait délecté l’esprit cynique et militant de Miguel Brieva, s’il avait pu les intégrer à cette fresque baroque qu’est Mémoires de la Terre. Une œuvre patchwork, composée d’une succession de planches indépendantes, à la manière de strips, organisée autour de neuf chapitres thématiques, comme le carnet de voyage d’un extraterrestre égaré, s’interrogeant sur le devenir d’une espèce encore « très » primaire. Une courte préface résume bien les choses : si l’on replace l’apparition de l’Homme à l’échelle de notre planète, nous surgissons quelques fractions de secondes à peine avant la fin de la première semaine de son Histoire. Voilà qui ouvre justement un propos n’épargnant ni l’arrogance ni l’égo des puissants, miséreux, fashion-victimes, scientifiques, religieux (beaucoup), etc. L’artiste gamberge tant, qu'il est parfois difficile de le suivre. Le fond transparaît d’ailleurs sur une forme somme toute nerveuse, souvent agressive, peu soucieuse d’un esthétisme balayé devant la volonté de frapper juste et fort ! Une telle distribution de claque est rare envers tous les types de comportement. Au final, le citoyen du monde ne referme qu’à moitié ces quelques 176 pages, revenant songeur sur telle ou telle brève, relisant les citations de grands hommes passés, compilées dans des annexes « humanoïdes » complémentaires. Bref, une bande dessinée hors norme, format compris, qui bousculera tous ceux qui oseront s’y aventurer. Totalement indigeste en une fois, mais appréciable à l’échelle d’une (courte) partie de notre existence.