L'histoire :
Quel étudiant n’a pas ressenti une immense vague de fierté l’engloutir, à la délivrance de son diplôme tant attendu, après des heures de travail et de sacrifices ? Yatuu ne déroge pas à la règle : diplôme en poche, elle est surmotivée pour trouver un emploi. Des sacrifices, elle est prête à en effectuer encore : un stage, deux stages, trois stages… Elle prend son mal en patience, se disant sans doute en son for intérieur qu’ils ne feront que lui apporter une expérience bénéfique pour son CV. Cependant, les années de stage s’accumulent : quand l’un se termine, elle a toujours l’espoir d’un CDI, même un CDD ferait l’office d’un véritable Graal ! Il serait synonyme d’une meilleure paye, c’est-à-dire une paye décente. Mais non : on la remercie toujours de son bon travail et on lui claque la porte au nez : allez, bonne chance pour la suite ! Dans cette BD, Yatuu raconte son expérience dans une boîte de pub et le lot commun de tous les stagiaires : une paye de misère, pas de ticket-resto, aucune reconnaissance et surtout des horaires de travail très larges. Elle s’en amuse en narrant ses mésaventures avec les taxis de nuit, ou encore avec le veilleur de nuit qui n’en revient pas le jour où il la croise enfin à la lumière du jour. Cynique, elle montre le fossé qui sépare les stagiaires, qui ont par exemple tout juste de quoi se payer des fast-foods le midi, des « embauchés » qui traînent eux dans les restaurants huppés de la capitale.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
99 francs au pays des stagiaires : les créatifs et les commerciaux ne sont que de rares privilégiés ; en une note, Yatuu montre que l’écrasante majorité des employés ne sont en fait que des stagiaires. Ils sont des pions que les chefs d’entreprise manipulent à leur guise, en particulier le dimanche, et ce, sans compensation bien-sûr. Cette situation accablante est souvent dénoncée, mais jamais suivie de réelles mesures. Que Yatuu dénonce ce fait de société est donc à saluer, néanmoins. En lisant sa BD, on aimerait souvent qu’elle aille plus fort dans ses piques, un peu plus loin dans ses insurrections. Par exemple, les relations avec les supérieurs sont peu développées. De plus, elle tourne souvent autour du même sujet : elle finit très tardivement le soir. Elle débarque alors chez une amie récurrente ou prend le taxi, elle dessine donc les différentes péripéties qui lui arrivent dans ces deux cas. Or, c’est là que la BD souffre de son existence antérieure de blog : elle a le même schéma, au jour le jour. Les notes sont très courtes : une page, voire deux, rarement plus. On reste donc sur sa faim en fermant le livre, d’autant plus qu’il n’y a (hélas) pas vraiment de fin... Faut-il y voir un message métaphorique et subliminal ?