L'histoire :
Pour pas se fâcher, faudrait d’abord voir à pas énerver…Imaginez qu’on soit rangé de la malfaisance depuis un demi lustre et que d’anciens collègues viennent taper aux carreaux... Le début des emmerdes avec dettes de jeu, roi de l’arnaque et bande de truands rosebeef pas piqués des hannetons. De quoi l’énerver, l’Antoine Boretto, lui qui, dés l’âge de 8 ans, est le boss d’une bande de chenapans. Le même qui à 14 rentre dans la vie active en s’offrant la cambriole d’une maison bourgeoise. Et puis qui enchaîne dès lors casses et braquages comme on enfile des perles sur un joli fil doré. Lui qui, avant de s’être constitué un copieux bas de laine et devenir un honnête chef d’entreprise, était respecté par l’ensemble du milieu. Au point même que ses ennemis disent que c’est un bonheur de recevoir une baffe ou une bastos de sa main. Alors d’accord, Ne nous fâchons pas, mais ça risque de pas être évident… Une déclinaison en 22 fiches et 22 caricatures joliment crayonnées pourrait rapidement vous le démontrer.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après avoir joué du format à l’italienne pour mettre en partition Les Tontons flingueurs (Éparpillés façon puzzle), Un singe en hiver (Un sage en hiver) et Les Barbouzes (Entre gens du même monde), le tandem Chanoinat/Da Costa en remet une couche avec les même intentions : rendre hommage au 7éme art façon polar français noir et blanc des années 60 généreusement servi – entre autres – par les dialogues de Michel Audiard. Le découpage est le même, qui nous plonge dans Ne nous fâchons pas (Georges Lautner 1966) : 22 « fiches » à gauche et 22 caricatures en vis-à-vis. Il ne s’agira donc pas à nouveau d’une BD à proprement parler, mais d’une immersion dans ce film savoureux. Charge aux pages de gauche de faire défiler les éléments successifs du scénario, de ficher les principaux « belligérants » (faits d’armes + caractère) ou de servir « les morceaux choisis » de la carrière de quelques unes des chevilles ouvrières du film (réalisateur, dialoguiste, cascadeur, cadreur, compositeur…). Charge aux pages de droite de mettre le film en images via des caricatures travaillées aux petits oignons, avec une impeccable science « de la gueule ». Pour ce qui est de l’immersion, le résultat est parfait et permet de reconstruire le film avec facilité (une histoire où l’on se fâche : évidemment…). Au delà, l’exercice est à confier essentiellement à un public de « collectionneurs » déjà conquis et plutôt connaisseur. On regrette par exemple l’absence d’anecdotes, de morceaux de dialogues extraits du film, d’interviews… L’exercice donne alors l’envie de revoir le film plutôt que de le découvrir pour la première fois.