L'histoire :
Après une première campagne de Russie difficile en 1941, en raison des rudesses de l’hiver, l’armée du IIIe Reich se lance dans une nouvelle offensive sur le front de l’est en juin 1942. Les objectifs économiques ont remplacé les desseins politiques : il s’agit désormais de s’emparer des champs pétrolifères du Caucase du sud, indispensables à la poursuite de la guerre. Le nom de code de l’opération, qui va se cristalliser sur la ville de Stalingrad, est « Fall Blau » (le plan bleu). Pour avoir refusé de rendre le salut nazi à son général, le soldat Kurt Steiner a été affecté à un bataillon disciplinaire. En septembre 1942, il fait le sale boulot du côté de Stalingrad : enterrer ses camarades, dérouler des barbelés… C’est dans ce contexte qu’arrive par voie ferrée une nouvelle compagnie commandée par lieutenant Tomas von Vilshofen et parmi lesquels se trouve le sergent Max Dinger. Von Vilshofen a promis à sa fiancée Martha de vite revenir pour se marier ; Dinger s’inquiète d’avoir laissé son épouse en compagnie de 3 prisonniers français pour tenir sa ferme. Tous trois vont vivre l’enfer…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’intention était sans doute louable : raconter « Stalingrad », une bataille tragique de la seconde guerre mondiale sur le front de l’est (Ostfront, en allemand) à travers les destinées de 3 soldats du Reich. Les recherches documentaires ont également sans doute été pléthoriques et ça se sent à travers les costumes, le vocabulaire et les engins… Mais malgré son caractère besogneux, le résultat de ce one-shot est très décevant. Première curiosité : l’auteur Fabrice Le Henanff a changé de manière de travailler ses planches au cours de la réalisation de l’album : jusqu’à la page 18, il propose un dessin réaliste somptueux, travaillé à partir d’un papier marron auquel il rend formes et lumières ; puis la rupture est franche à la page 19, avec une succession de cases réalisées à partir de photos trafiquées, « photoshopisées » pour les arrières plans, et recomposées et redessinées pour les personnages. Hormis ces « infographies » aux effets aléatoires, il n’y a d’ailleurs pas de décors, l’auteur se contentant de cadrer les belligérants de près, pour leur attribuer des dialogues exténuants (et écrits en tout petit !). Bref, le talent artistique est là, en trame de fond, mais la BD se subit comme un empilement d’images successives et non comme une véritable narration séquentielle. De fait, la connexion ne se produit pas entre les planches que l’on voit et l’histoire que l’on devrait lire : impossible de s’immerger dans les destins croisés de ces 3 soldats sur le front de l’est. Impossible, d’autant plus qu’ils ont tous un peu la même tronche, après avoir été graphiquement retraités. L’éditeur nous annonce que le Henanff travaille sur un autre one-shot porté sur le front de l’ouest (la chute de Berlin)… Espérons que l’auteur aura su attribuer le minimum de souffle épique requis à ce projet complémentaire.