L'histoire :
Dans sa propriété du Maryland, Robert Parker fêtera bientôt ses 70 ans. Il reçoit une lettre de ses confrères et amis du monde viticole bordelais qui le convient à des agapes en bonne et due forme. S'imaginant déguster les plus grands crus de l'année de sa naissance, 1947, il prend congé de son épouse macrobiotique et s'envole avec son tire-bouchon fétiche pour Bordeaux-Mérignac. Deux men in black et une berline plus tard, il arrive devant un conseil masqué, dans les caves d'une église troglodytique… car la fête d'anniversaire tourne au procès. Accusé de crimes contre les vins français, notamment les Bordeaux, Robert Parker, créateur du guide Parker et autoproclamé « plus grand dégustateur au monde », l'homme le plus influent de la planète vin, va devoir répondre de ses fautes, au nombre de sept… comme les pêchés capitaux. Le premier, la luxure ou les racines de la parkerisation : une dégustation orgiaque de 250 bouteilles sélectionnées par le vénérable œnologue Michel Rolland pour le yankee débutant et exalté, Bob Parker. Premier calibrage vers des vins puissants et riches en alcool…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un des derniers domaines d'excellence française, le vignoble, est comme tout le reste, soumis à la loi du marché mondial. Robert Parker l'a compris il y a 30 ans et s'est imposé comme la référence du goût en matière d'œnologie. Il a ainsi, par des notes décochées comme des carreaux d'arbalète, influencé la vinification et, par là-même, la côte des meilleurs crus français. C'est l'affrontement de 2 camps qui prend ici corps sous le dessin de Philippe Bercovici (Les Femmes en blanc…) et la plume de Benoist Simmat (In Vino Veritas). Réjouissant par la fraicheur yankee de Bob, le thème n'en demeure pas moins sérieux et crédible, avec des personnages réels. Développé sans agressivité et avec un final surprenant, on passe de bons moments parmi ces nombreuses bulles de texte, qui rappellent que Simmat est aussi journaliste et écrivain. Tous les personnages ont des bonnes bouilles et participent à la bonhomie ambiante. Les lignes droites n'existent pas dans la main de Bercovici, ce qui assouplit et détend l'atmosphère. Seules la forme des bouteilles de vins et leurs étiquettes pourraient décevoir des bédéphiles ayant connu la perfection de certains crus, croisés dans des mangas sur le vin. A chacun de se faire son opinion, « les meilleures intentions cachent parfois les pires pêchés », telle pourrait être la morale réconciliant les entités ennemies de cette histoire.