L'histoire :
Après un long vol, ça y est. Fabrice est enfin arrivé. Après 18 heures à patienter sur son siège, le dessinateur débarque à Lima, la capitale du Pérou. Le premier contact avec la population et les différents parfums ambiants ravissent le touriste qu'il est. Un tel voyage devrait forcément convaincre un éditeur comme 6 pieds sous terre, qui serait ravi d'avoir un carnet de voyage de la part d'un de ses auteurs fétiches ! Alors qu'il illustre les lieux et les rencontres mémorables avec un trait réaliste, il est interrompu par sa femme qui jette un regard sur son travail. Là, c'est le drame. Fabrice n'a pas dessiné des péruviens, mais des mexicains... Réussira t-il à tenir son carnet jusqu'au bout, alors qu'il n'a pas quitté sa maison un seul instant ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Depuis quelques années, le carnet de voyage « bédessiné » est devenu un exercice prisé par les auteurs de BD. Les lecteurs ont eux aussi répondu présent, mettant sur un piédestal des auteurs comme Guy Delisle. On ne peut pas dire que Fabrice Caro, alias Fabcaro, ait jusqu'ici œuvré dans ce genre. Celui-ci nous a surtout enthousiasmé par son humour grinçant et joyeusement décalé. A travers ses œuvres, l'autodérision et les angoisses de l'auteur ont largement déridé les zygomatiques des amateurs. Avec Carnet du Pérou, la surprise est de taille. Inattendue même. Fabcaro choisit en effet de nous raconter son voyage en Amérique du sud, à travers des lieux qui l'ont chamboulé et ont véritablement fait basculer sa vie. C'est en tout cas ce que résume l'éditeur en quatrième de couv' de l'album. Étonné, le curieux le sera encore plus en découvrant un style réaliste totalement inédit chez Fabcaro. Décors et portraits sont choyés, dans une veine réaliste. Le sérieux de l'ensemble fait croire un instant que l'artiste a changé de registre... mais très vite, des détails bizarres éveillent la suspicion. Des commentaires décalés, des clins d’œil... on comprend alors aisément la fumisterie de l'ensemble. Après une dizaine de pages, le rideau tombe. Fabcaro n'a jamais mis les pieds au Pérou, il souhaite juste essayer autre chose, sans quitter sa maison. La suite ne déçoit pour autant pas. On constate alors en s'amusant combien il rame pour que son ouvrage tienne... la route. Irrésistible, drôle et attachant, l'artiste fait une fois encore mouche avec ce Carnet du Pérou aussi drôle que malin. Décidément, Fabcaro est là où on ne l'attend pas. Si ça se trouve il est déjà derrière vous. Il reste quoi qu'il en soit un des auteurs de BD les plus funs de ces dernières années.