parution 11 mars 2020  éditeur 6 pieds sous terre  Public ado / adulte  Mots clés Horreur

Ciao Bitume

Deux jeunes désœuvrés quittent une ville dépeuplée pour une campagne sauvage. Une sanglante fuite en avant vers le rien, une poésie de la désolation mise en scène via un encrage remarquable.


Ciao Bitume, bd chez 6 pieds sous terre de Verhille
  • Notre note Yellow Star Yellow Star Grey Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • Scénario Yellow Star Grey Star Grey Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

  • dessin Yellow Star Yellow Star Yellow Star Grey Star

    CHEF D'ŒUVRE   Green Star Green Star Green Star Green Star

    TRÈS BON   Green Star Green Star Green Star Dark Star

    BON   Green Star Green Star Dark Star Dark Star

    BOF. MOYEN   Green Star Dark Star Dark Star Dark Star

    BIDE   Dark Star Dark Star Dark Star Dark Star

©6 pieds sous terre édition 2020

L'histoire :

Deux jeunes zonards traversent une zone urbaine en friche, totalement dépeuplée. L’un deux a repéré un bolide d’enfer : une pelleteuse ! En plus, les clés sont sur le contact. Le jeune à bonnet s’installe au volant, tandis que le jeune à casquette monte dans la pelle, repliée vers l’intérieur, façon poussette. Ils défoncent la porte métallique de l’immeuble où elle était entreposée et prennent la direction de la campagne. Ciao bitume ! A jamais ! Ils s’éloignent de la ville sans destination précise, sans trop faire gaffe à la route. Soudain, ils percutent de plein fouet un quidam qui se trouvait sans raison au milieu de la chaussée. Ce dernier gît désormais dans une mare de sang, la tête explosée. Ils profitent d’avoir une pelleteuse pour lui creuser facilement une tombe en bonne et due forme, puis ils se barrent. Cependant, un type à chapeau a observé la scène de loin, à la jumelle. Il rejoint les jeunes, le soir venu, tandis qu’ils campent autour d’un feu de camp en buvant des bières et en mangeant des cahuètes. Ils sont un peu surpris par l’arrivée de cet homme, dans un territoire qu’ils croyaient dépeuplé. Le type leur explique qu’il a vu leur « assassinat » de loin… mais que tout va bien, car il avait justement un contrat sur la tête de la victime. Ils ont juste fait le boulot à sa place ! Et comme il n’est pas ingrat, il leur file la moitié du pognon. Cet altruisme est en réalité intéressé : il a besoin d’acolytes pour une vendetta. Et il se dit que les deux jeunes feront fort bien l’affaire…

Ce qu'on en pense sur la planète BD :

D’emblée, Thomas Verhile, nouveau venu dans le paysage BD, impose un style. Ciao Bitume se déroule en effet dans un contexte qu’on suppose post-apocalyptique : il n’y a plus grand-monde dans notre civilisation contemporaine pour remarquer ou se plaindre d’un meurtre gratuit, perpétré en plein jour, en rase campagne, à coup de pelleteuse. Il y a peu de repère, d’ailleurs les deux personnages principaux n’ont pas de nom. On sait juste qu'une guerre est en cours ; on comprend qu’ils sont désœuvrés, que la distance avec leur monde urbain est synonyme de bonheur et de liberté (Ciao bitume !). On apprendra aussi qu’ils sont jumeaux et orphelins. Nonobstant, leur liberté est toute relative, étant donné que le monde dans lequel ils accomplissent leur quête initiatique en forme de road trip sanglant est relativement sauvage. Ils vont de meurtres en rencontres antipathiques, et se retrouvent finalement en cavale. La narration est très visuelle, faible en dialogues, à la hauteur de leur désœuvrement. En revanche, le dessin fortement encré déroule un noir et blanc tranché. A grand renfort de fines hachures, il fait l’apologie de paysages tantôt décharnés, tantôt tourmentés, et n’hésite pas à prendre de pleines pages lors de scènes spectaculaires. Le scénario est totalement improbable (cf. la boule géante de cadavres d’animaux ; ou le rêve morbide du chien). Il semble avoir été créé sur-mesure, comme il venait, sans finalité précise, dans l’unique but d’une poésie de la désolation et du nihilisme. A en croire le décor fantasmé final, l’échappatoire de l’humanité ressemble au chemin de l’enfer (de Dante). No futur…

voir la fiche officielle ISBN 9782352121541