L'histoire :
Sam vit avec Rachel une relation amoureuse simple et compliquée à la fois. En effet, les sentiments qu'ils éprouvent l'un pour l'autre sont forts, mais le jeune homme est hypocondriaque. Cela provoque souvent des tensions, à des moments parfois improbables. Par exemple, alors qu'ils sont tous les deux au lit, Rachel interroge Sam sur les lignes de sa main. Le jeune homme joue le jeu, dévie la question en de tendres caresses, mais refuse qu'on lui regarde les siennes, jusqu'à s'énerver. Ce n'est pas le seul exemple puisque chaque matin, il inspecte chaque parcelle de son corps à la recherche de la moindre imperfection qui serait signe d'un cancer, d'une tumeur ou du SIDA. Les excentricités de Sam finissent par lasser Rachel. Elle a beau l'aimer – ou du moins en être persuadée – leur relation ne peut plus durer. Le malade imaginaire qu'est Sam parviendra-t-il à comprendre que leur histoire est terminée ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le terme « hypocondrie » représente des peurs ou de l'anxiété, suite à d'éventuels problèmes de santé. Pour illustrer ce symptôme, il n'y a rien d'étonnant à retrouver Terreur Graphique. Récompensé au festival Quai des bulles à St Malo pour la rupture tranquille, cet auteur a déjà délivré avec Rorschach une histoire passionnante d'un symptôme psychologique. Cette fois-ci, il met en scène un malade imaginaire qui, par ses excès d'angoisse, va provoquer l'inéluctable dans sa vie de couple. Comment va-t-il réagir à la rupture ? L'histoire de Terreur Graphique se découpe au travers de courts chapitres mettant en avant des séquences marquantes de cette relation brisée. Si l'ambiance est moins barrée que pour Rorschach, elle n'en est pas moins oppressante. On observe ce héros désœuvré avec un regard ambiguë, entre curiosité et compassion. Ses peurs sont aussi grotesques que réelles. L'auteur, en grand fan de musique, introduit aussi chacune de ses séquences par une allusion à une chanson. La conclusion est d'ailleurs subtilement choisie, avec des mots écrits par Dominique A. Visuellement, Terreur Graphique offre un trait rond, dans la veine de ses précédents albums. Il utilise en revanche les couleurs de façon adéquate, le plus souvent en bichromie. Hypocondrie(s) installe Terreur Graphique comme un des auteurs montants de la nouvelle génération, de ceux qui n'ont pas peur de s'attaquer à des sujets intimes sous un angle nouveau. Pour ça et pour les qualités précédemment énoncées, cet album vaut clairement le détour.