L'histoire :
Nicolas dessine sans arrêt Willy Woob, un garçon qui vit des aventures qui plaisent aux enfants. Tous les jours, c’est la même routine : des cigarettes, un peu de vin, beaucoup de dessins. La répétition, la solitude, le dessin. Le dessin, la solitude, la répétition. La solitude, le dessin, la répétition. Tant et si bien qu’il finit par se fatiguer : il sent qu’il dépérit à faire toujours la même chose, penché sur sa planche à dessin. Il rêve d’autres projets et entrevoit parfois un homme imposant sur son cheval. Un jour, il doit aller à Hambourg pour le festival de BD. C’est l’ennui total car ses BD ont été traduites, mais dans une qualité médiocre, de sorte que personne ne vient le voir. Du coup, il boit beaucoup. Pour se changer les idées, il va dans un bar et rencontre un auteur espagnol qui travaille à Mexico. Son nom est Juan de Gijon et le bonhomme l’amène de bar en bar. Puis il lui parle de son grand projet : il aimerait écrire quelque chose sur Pancho Villa, un homme impressionnant et imposant du temps où les cowboys montaient sur des chevaux…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Nicolas Moog ne va jamais là où on l’attend. Cette fois, il se met en scène dans une terrible peinture de l’auteur de bande dessinée. Désabusé, las et sans âme, il traîne sa peine sur sa planche à dessin et crache son amertume dans un début marquant avec aucun texte et des vignettes répétitives qui marquent bien la détresse que peuvent vivre les auteurs. Sans compter quelques phrases assassines sur les éditeurs et sur un métier qui devient vide de sens : autobiographie ? Toujours est-il que l’évocation de Pancho Villa sonne comme une renaissance où Juan et Nicolas se trouvent une quête forte. Certainement une façon de dire que l’inspiration est décisive et amène à des chemins tortueux et étonnants. L’ombre du grand révolutionnaire mexicain plane donc régulièrement sur l’album et amène le narrateur au danger, à la violence, mais surtout à la vie. En cherchant Villa, Nicolas se met en danger, comme un mimétisme étrange qui apporte un piment sanglant à la vie. Les longs textes qui racontent les épisodes marquants de la vie de Pancho Villa alternent avec du dessin pur, sans aucun commentaire. Moog sait tout représenter, non sans humour et un brin de caricature, et on passe d’un autoportrait juste et réaliste à un côté western fascinant. C'est une métafiction assez maline que crée Moog avec un auteur qui raconte son ennui et sa recherche de l'aventure et de l'inspiration, comme Moog qui retrouve l'énergie avec cet album : une fuite pour mieux se retrouver.