L'histoire :
Lors d’une discussion de couple, telle qu’on en a souvent le soir avant de s’endormir dans son lit, Nico annonce à sa compagne qu’il va reprendre des cours de dessin, le mardi soir. Il est déjà dessinateur de BD chevronné, mais il trouve important de ne pas s’endormir sur ses lauriers et donc de consolider ses acquis. Admirative au départ, sa moitié se fâche lorsqu’il annonce qu’il s’agira de dessiner des « modèles vivants », un terme révérencieux pour ne pas dire « gonzesses à poil ». Peu importe, dès le premier mardi, il passe prendre son pote Stéphane qui s’est inscrit avec lui. Dans la voiture, celui-ci lui avoue avoir mis un slip serré pour éviter qu’on remarque toute érection. Pas de bol : une fois dans la salle de cours, le modèle qui s’exhibe allongé et cuisses écartées est un mec. Tant pis : ils se remettent au fusain et reprennent les bases. Les jours qui suivent, deux autres copains dessinateurs leur annoncent se joignent à eux. La compétition se resserre… D’autant plus que la fois suivante, le modèle est effectivement une jeune femme bien roulée, ce qui procure quelques suées à Nico…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Nicoby (alias Korkydü) signe ici un petit bouquin souple (et un peu cher quant à son façonnage) sur une séquence amusante de son expérience d’artiste. Réelle ou fantasmée – peu importe – sa participation à un atelier collectif d’enseignement sur modèle Nu permet d’aborder plein de petites questions secondaires – et donc essentielles – sur le métier de dessinateur de bandes dessinées. Et la première qui vient évidemment à tout mâle hétérosexuel : est-ce que c’est bandant ? A-t-on le droit de mâter ? Que se passe t-il si on fait des clins d’œil au modèle ? Puis, heureusement, est-ce utile ou réellement formateur pour une carrière de dessinateur ? Le trait pur est-il une chimère ? Sans autre prétention que celle de divertir sur ce sujet, Nicoby se met en scène avec ses collègues et nous réjouit avec toutes ces questions à l’aide d’un trait simple, moderne et caricatural, rehaussé par une légère bichromie orangée. En dépit d’un manque patent de visibilité grand-public et de percussion marketing, ce petit bouquin de 42 planches est très plaisant à lire.