L'histoire :
Un oiseau tenant un baluchon dans son bec passe au-dessus d’un petit port, à une époque qui ressemble vaguement au XVIIIème siècle. Alors qu’il traverse un nuage, le volatile perd sa charge, qui choit sur le crâne d’un petit singe alors occupé à siester sur le pont d’un fier trois-mâts, The fool boat. La bestiole écope d’une jolie bosse et regarde néanmoins à l’intérieur du paquet : à sa grande joie, il y trouve un gros morceau de gruyère ! Il s’empresse aussitôt d’aller le remise dans son garde-manger, dans la cale du navire. Il commet alors quelques maladresses, qui l’amènent à remonter sur le pont avec son fromage et 4 bosses sur le crâne. Le navire prend alors le large, piloté par un vieux capitaine visiblement un peu aigri. Dans ses souvenirs, il est question d’un mariage, d’une belle fiancée, d’une alliance manquante… Le trois-mâts fend les flots, piloté par un équipage de marins joviaux, athlétiques et dynamiques. Le petit singe continue de chaparder du fromage. Soudain, un albatros passe, qui porte un anneau doré comme un piercing en travers du bec. Surgit alors soudainement une terrible tempête, qui excite des monstres marins…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Derrière son titre incompréhensible, voilà une BD tout aussi mystérieuse et peu banale : muette, sans éditeur, sans tarif et sans ISBN, elle est uniquement promue et distribuée par ses auteurs, Marc Chauchard et Philippe Raynal (on appelle cela « à compte d’auteur »). Passées ces considérations contextuelles, tentons de percer le propos et les intentions de l’histoire en question, car c’est bien ce qui nous intéresse avant tout. Or c’est justement ici que le bât blesse : mais qu’est-ce que c’est-il donc que les auteurs ont-ils bien voulu raconter, boududiou ?? Il est question d’une traversée en mer, emmenée par un équipage surréaliste de marins façon Jean-Paul Gaultier. Il est aussi question d’un mariage raté, car sans alliance… Or justement, voilà un albatros qui en porte une en piercing en travers du bec ( ! ). Oui tout cela est bien étrange et comme qui dirait, totalement hermétique… D’autant que le dessin dynamique de Raynal, qui montre certes de jolies dispositions et une irrégularité flagrante, enchaine parfois les cases comme du coq à l’âne… que le silence narratif n’explicite jamais. Une tempête déchaine des monstres marins, un petit singe chaparde fromages et pizzas, un carreau d’arbalète tue l’albatros qui sombre… Une mutinerie, des noyades et une fée en forme de bouchon de champagne plus tard, le livre se termine sans qu’on n’ait rien compris. Le récit use et abuse sans doute de symboles (l’amour blessé ?) voire de private jokes… que le non-initié aura bien du mal à percer. La quatrième de couverture donne enfin quelques pistes (le prénom du singe : RaFou !), mais elle reste globalement tout aussi énigmatique. Oh, un OVNI…
