L'histoire :
Proutchi est un mignon petit ourson qui apprend plein de choses de la vie, mais à des fins de psychopathe fini. Par exemple, il est tout fier d’apprendre à nouer les lacets de ses chaussures, mais c’est aussitôt pour détourner la technique du nœud coulant et apprendre à ses potes à se pendre. Parfois, Proutchi fait aussi des bêtises, comme le jour où il casse la caméra de son papa. C’est dommage, comment son papa va-t-il faire, alors, pour filmer la séance de torture en réunion qu’il s’apprêtait à faire subir à l’encontre d’un malheureux ligoté et bâillonné ? Puis il joue à cache-cache avec ses amis : à chaque fois qu’il en trouve un, il appuie sur le bouton de leurs cachettes : le mixer, le four, la machine à laver…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un format carré, une reliure souple, une faible pagination, un dessin ultra enfantin : Proutchi a des allures de magazine pour les tout jeunes enfants, façon Popi ou Picoti. Et pourtant, mieux vaut ne pas confier cette (première ?) réalisation auto-éditée par Tra’b et Fabz à vos chères têtes blondes. Décomposez les deux syllabes du titre pour bien saisir le registre dans lequel on se situe. Sous ses allures puériles, Proutchi joue en effet sur le contraste choc qui peut se produire entre un visuel pour bébés et un fond de gags d’horreur pure, totalement immoraux. Le terme exact est « politiquement incorrect ». Le principe narratif est cependant le même que pour les histoires pour primo-lecteurs : sur la page de gauche, pleine planche, une mise en place enchaine sur une chute en page de droite, franchement ignominieuse, mais avec le sourire et sans dessins trash. Proutchi est un psychopathe, antisémite, profiteur, scatophile. Il refile le sida à ses potes et abuse sexuellement des faibles. Quand ils découvriront le concept, les amateurs d’humour vache / décalé se bidonneront. La limite est cependant inhérente à l’exercice : on a vite compris le ressort de l’infamie, or son abus atteint vite la saturation. C’est sans doute la raison pour laquelle le fascicule est court… très court !