L'histoire :
Batte de base-ball à la main et coiffure-banane de circonstance, un rocker mort nous convainc, sur les ruines de notre apocalypse, que les fifties furent habitées par le diable. Il nous propose une petite balade à travers 8 historiettes.
L’enfer d’Eddy : Avec sa tronche de cake et ses lunettes de geek, Eddy est le souffre-douleur de son lycée. Jimmy ne manque d’ailleurs jamais un prétexte pour lui défoncer la tronche. Mais Eddy intériorise cela, tout comme il encaisse en silence des moqueries cinglantes des filles. Jusqu’au jour où il ose envoyer son pied de toutes ses forces dans l’entre-jambe de Jimmy. Pour la première fois de sa vie, Eddy se sent libre et joyeux. Hélas, il n’en profite pas longtemps : il est percuté par une voiture tandis qu’il s’enfuit. Il meurt. Mais il sort de sa tombe 3 semaines plus tard, sous forme de zombie, pour se venger de Jimmy et de ses potes…
Pas un mot plus haut que l’autre : Un jour, Leslie, épouse dévouée et obéissante, plante son hachoir dans le crâne de son mari Harry. Elle ne supportait plus ses incessantes humiliations mondaines, son cocufiage quotidien. Mais Harry n’est pas mort pour autant : le hachoir toujours au milieu du front, il veut aller boire un verre chez Sam pour montrer à ses copains ô combien sa femme est pitoyable. Alors Leslie lui plante un long couteau de cuisine dans le dos. Mais Harry n’est pas mort…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En adéquation avec le format périodique de la revue Arrrg!, dans laquelle ces historiettes de 6-7 planches ont majoritairement été prépubliées, Dominique Hennebaut a aujourd’hui droit à son recueil luxueusement façonné des Desaxés. Dans une ambiance trash-nihiliste, il y met en scène des histoires sordides, parfois nimbées de fantastiques, plutôt situées dans les années 50-60 américaines. Les contextes sont tout d’abord plantés, sans perte de temps, car ils appartiennent souvent aux stéréotypes mainstream du polar hard-boiled. Puis rapidement, Hennebaut n’en fait qu’à sa guise. La femme soumise se rebelle, la salope rivalise d’arrogance, les tueurs tuent, les intentions se révèlent systématiquement retorses, leur audace vacharde vire au vinaigre et se retourne contre… tout le monde. Bref, tout est bien qui finit mal, une once d’humour noir et cynique en prime. Hennebaut prend plaisir à surligner au marqueur noir indélébile que l’homme est une hyène enragée. Etant donné ce credo, le dessin est forcément noir et blanc, dynamique et jeté comme en première intention, parfois inégal, mais avec quelques brillantes fulgurances pour les noirs-obscurs. Haine-beau ?