L'histoire :
Je suis d'ailleurs : Errant dans un château, il ne sait qui il est, ni d'où il vient. Seulement des couloirs sombres, une odeur répugnante et des toiles d'araignées, un peu partout. Il a dû vivre dans le château pendant des années. Mais la solitude, trop pesante, a eu raison de lui. Il a décidé d'escalader la tour noire. Arrivé à la fête, il voit des gens paniqués, effrayés, en fuite, face à ce spectacle épouvantable. Une fois devant la glace, c'est toute l'horreur de son passé qui lui surgit au visage...
Le Cauchemar d'Innsmouth : Innsmouth est une petite ville, un port plus précisément, rempli de fantômes, qui suinte la mort et la folie. Sauf qu'avant de s'y rendre, l'homme prêt aujourd'hui à se suicider, n'en savait rien. Confronté aux monstres de son passé, ayant sombré dans un abîme obscur et déshumanisé, il va devoir démêler le vrai du faux et surtout vivre avec le spectre hanté de sa famille... Rêve ou réalité ? Histoire vraie ou pure imagination ? Harcelés par l'invisible, la folie et le mal, les personnages de ces nouvelles vont devoir affronter le réel, reformulé par leurs visions cauchemardesques...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Peu lu de son vivant, H.P. Lovecraft est aujourd'hui considéré comme un auteur incontournable du récit d'épouvante, de science-fiction et de contes fantastiques. Le néerlandais Erik Kriek a voulu mettre en scène cet univers et en restituer toute la puissance horrifique. Mission réussie. Composé de cinq contes fantastiques (Je suis d'ailleurs, La Couleur tombée du ciel, Dagon, L'Invisible, Le Cauchemar d'Innsmouth), cette BD donne à voir des univers poisseux, inquiétants et étranges, tous plus sombres les uns que les autres, où la fuite est de toute façon impossible et l'angoisse omnisciente. Des lieux aussi, peuplés de dragons, de monstres, d'êtres à moitié humain. Dès que les personnages cherchent à comprendre l'origine du mal, ils se condamnent à être les spectateurs impuissants de leur schizophrénie, prêts à sombrer dans une aliénation sans retour, pour finalement entrer en résonance ou faire corps avec leurs fantômes, cette part d'invisible qui gît partout, et surtout dans un ailleurs terrifiant, énigmatique et confus. Ils sont d'autant plus effrayés qu'ils ignorent l'origine de leur folie, étrangers à leur mal et aux causes qui les déterminent. Dans ce contexte, Erik Kriek excelle, par son trait fin et clair habillé de noir et blanc seulement nuancé de trames grisées, à libérer toute la folie latente et le pouvoir d'évocation des récits de Lovecraft. On peut juste regretter la brièveté de ces histoires qui empêchent d'aller plus loin, à l'exception du dernier. Déconseillé aux âmes sensibles, vous l'aurez compris. Mais pour les autres, une BD à l'ambiance graphique sombre et sublime, doublée d'une bonne introduction à l'univers de H.P. Lovecraft.