L'histoire :
« Mes souvenirs de quand j’ai déménagé pour arriver ici sont un peu flous. Et j’avais pas encore commencé mon journal à ce moment là. Donc je peux même pas relire pour vérifier, mais je suis à peu près sûr d’en avoir entendu parler qu’une fois sur place. Je pensais qu’au bout d’un moment je m’y habituerais, et puis les insomnies ont commencé » La nuit, César parcourt les rayonnages d’une petite supérette de quartier, déserte, puis ressort et rencontre le commerçant (celui de la boutique ?) à l’extérieur, assis dans une cour, envahi de végétation. Tous deux échangent sur la situation étrange, mais acceptée. Puis César rentre chez lui. Il se réveille et se cogne à une branche. Son appartement est devenu lui aussi la proie d’un arbre incroyablement invasif. Lisant ses courriels, l’un concernant une réunion pédagogique de rentrée des classes en fac, et l’autre pour lui rappeler le paiement de ses factures en retard, il semble subir la situation. Nonchalamment, il se rend néanmoins à la fac le lendemain, où il retrouve son amie Ida. Si celle-ci lui présente d’autres élèves sympas, lui ne semble pas être dans son élément et repart arpenter les rues de la ville changeante. Il va falloir toute l’aide d’Ida, puis de Pauline, une autre copine, pour essayer de le sortir de sa mélancolie, tandis que l’invasion végétale progresse...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le ton à la première personne, l'ambiance sombre et tout de suite fantastique, avec cette végétation envahissante prenant le pas sur l'habitat humain... Dès la première page, Dimitri Tsekenis, dont c’est le premier album, nous implique, par le biais de son alter-ego – le jeune César – dans les déambulations et les interrogations de ce personnage mal dans sa peau. Si ce dernier semble subir les évènements, ne socialisant que parce que ses amis viennent le chercher, il appréhende le changement avec philosophie, accueillant ce processus régénérateur dans ce qu'il a de plus positif. Le lecteur, de son côté, est happé par le dessin au trait hachuré, entouré ou rempli d'ornementations végétales, dans lesquelles évoluent plus ou moins facilement les trois principaux personnages, comme lors de leur visite du parc, devenu une jungle presque inextricable. Le style graphique doit tout autant au manga, dont on retrouve un peu la patte Yoshiharu Tsuge, qu’a certains styles de la revue Okapi, période historique de Nicole Claveloux. César, lui, petit bonhomme un peu enfantin, ressemble à un « gosse » de Lucas Mété. Cette Timidité des arbres un peu déconcertante au départ, est riche, poétique et ne dévie pas de son objectif : nous raconter une belle histoire, celle d’un personnage subissant une invasion de pensées diffuses – ici représentées par de la végétation – (l’)isolant du reste du monde. De tout cela ressort étonnamment un élément essentiel : l'envie de retrouver les protagonistes. Question : d'un One shot pourrait-il naître une ramification en feuilletons ? Seul l'avenir nous le dira. La richesse d’un univers très personnel étant toutefois bien installée.
