L'histoire :
Tout est bon marché au Liban. Cigarettes, alcool, kalachnikov. La drogue ? Il n'y en a pas. Il y a seulement un peu de haschich, de la coke, des ecstas, de la free base... Mais pas vraiment de drogues ! Les droits de l'homme sont respectés au Liban... Surtout si l'homme en question est le fils d'un ministre. Comment ça marche avec les femmes ? C'est très simple : vous avez juste besoin d'une BMW. Du racisme ? Ça n'existe absolument pas au Liban. Tous les blancs sont égaux, ici ! Et du côté des arabes ? Et bien, il n'y en a pas. Nous sommes tous phéniciens ! La censure ? Il n'y en a pas non plus. A part... au Grand Max, où on vous assassine. Et sinon comment rétablir l'ordre et la sécurité au Liban ? C'est à n'y rien comprendre, mais on finit de toute façon... par la case prison ! Le journalisme au Liban, c'est une leçon de courage. Le courage de dire son opinion, de risquer sa vie pour faire connaître la liberté, de vivre en homme libre. Enfin, il ne faut pas le hurler trop fort, car sinon, on explose en plein vol !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le dessin politique est largement menacé par des hordes moralisatrices. Le New York Times, emblématique quotidien américain, ne publiera plus aucune caricature à compter du 1er juillet dans son édition internationale. La faute à une polémique d'avril 2019 sur un dessin mettant en scène Nétanyahou, premier ministre israélien. Rien de grave, jusqu'à ce que l'indignation générale s'empare de cette affaire. Si on suit les propos de Michel Serres, mort récemment, préoccupé par la montée de la pensée unique et bien pensante (comme aux États-Unis), on ne peut que se demander si on ne glisse pas vers une société trop moralisatrice, dans la lignée de l'excellente série The handmaid's tales. C'est la raison pour laquelle Politique reste un livre salvateur, car il montre que la caricature, la liberté d'expression et l'humour sont essentiels. Se moquer et railler (un sport national en France) est utile. C'est ce que fait Mazen Kerbaj, auteur iconoclaste et provocateur, avec ce roman graphique acide et drôle sur un pays meurtri par la guerre et frontalier avec la Syrie, théâtre d'une guerre civile. Il détaille les particularismes libanais avec humour, en égratignant au passage, mais surtout dans le but de faire réfléchir chacun, sur les contradictions qui nous entourent.