L'histoire :
Davy psychote. Il vient de se faire plaquer par l’unique fille qu’il a jamais aimée et qu’il aimera jamais. Et ça, c’est tout simplement hors de portée intellectuelle. Pour faire le point sur sa situation désespérée, il analyse son existence et son microcosme, en partant bien en amont. Il se remémore et schématise la construction de sa personnalité et de son environnement. Au départ tout était simple : 3 traits suffisaient à dessiner sa maison, à laquelle il a rajouté des détails en grandissant. Puis ce fut la découverte de la perspective, puis « Elle » est arrivée, générant un bond prodigieux sur sa courbe intérieure de la morosité. Hélas, quand on est ivre de bonheur, on tombe d’autant plus haut lorsque survient la chute. Et à ce moment, sa courbe s’écrase tellement bas, que Davy doit creuser, creuser, creuser, jusqu’à se retrouver au fond d’un trou inextricable. Baignant dans ce marasme psychique, il ne perd pourtant jamais de vue que tout n’est que question de perspectives et qu’en la matière, il est le seul maître à bord. S’il veut une issue, il lui suffit d’en créer une. C’est aussi simple et donc très compliqué. Et si le gros problème de Davy, c’était lui, et lui seul ? Pourquoi a-t-il tant besoin de se poser des questions ? A-t-il besoin d’être en conflit avec lui-même pour se sentir exister ? Un psy peut-il l’aider ? Les réponses sont-elles en lui ? Créer un blog ne suffirait-il pas à soigner ce genre de névrose ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Du point de vue de l’onomatopée, « Mouarf » est la contraction de « moi » et de « warf » ! Traduisez : je parle de moi et ce sujet même est dérisoire. Effectivement, à travers le premier tome de ce qui sera, semble t-il, un « Triptyque bipolaire » (dont deux opus restent donc à paraître), Davy Mourier livre ce qui se rapproche sans doute le plus de l’auto-psychanalyse étalée à l’attention du plus grand nombre. Autocentré sur lui-même (mais qui ne l’est pas ?), le fruit de cette introspection humoristico-graphique est loin d’être inintéressant. Sans se départir d’un certain humour envers lui-même, il jonche son propos de questions philosophiques et universelles essentielles, du type : « Etre artiste, c’est être malheureux ? ». Certes, le dessin est minimaliste, tout juste des bonhommes et ustensiles schématiques, proches du rough, sur des montages infographiques et des fonds rouges (rouge comme l’amour, la révolte, le sang…). Mais il suffit amplement au propos et permet surtout de ne jamais en distraire le lecteur-spectateur. Chez Mourier, la « remise en perspectives de soi » part d’une douloureuse rupture sentimentale (mais pourquoi ai-je donc si mal ?). Elle passe donc logiquement par l’analyse de sa structure psychologique (mais pourquoi suis-je donc ainsi ?), pour finir sur une explication inattendue… (spoiler) ouverte sur des réflexions intimes dérivées à venir. Les lecteurs qui auront apprécié l’exercice peuvent aussi le suivre en direct, sur son blog (avec plein de vidéos !) : www.badstrip.net/