L'histoire :
Les cloches sonnent ; une caravane approche. Au terme d’une éprouvante traversée du désert, au rythme des coups de massues de leurs geôliers, un convoi d’humains arrive enfin en ville. Le marchand d’esclave se montre bien sûr fort intéressé par cette marchandise qu’il compte revendre à bon prix. Les boucs sont, en ce monde, l’espèce dominante. Les humains sont comme les autres animaux enchainés : relégués aux travaux forcés. Parmi le contingent d’aujourd’hui, un jeune garçon se signale par son tempérament et sa vélocité. Il se prénomme Cartigan. Cartigan, comme son père. L’enfant est doué d’un talent remarquable : il sait parler aux bêtes. En cellule, il parvient ainsi à échapper à l’appétit carnivore d’un affreux gorille – ou apparenté. Témoin de la scène, un autre prisonnier, le vieux Smith, le prend alors sous son aile. Le destin veut qu’autrefois, lui et le père de Cartigan luttèrent côte à côte contre le Mal, le démon Praga. Smith en garde un souvenir impérissable. Mais depuis, son frère d’arme est décédé de « la fièvre ». Et son fils vient à présent lui demander son aide…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La couverture est belle, sombre et lumineuse à la fois. Subtil équilibre entre l’élégance d’un trait et la capture d’un mouvement. Comme leur héros avec son père, Daniel Willet et Daniel Lish partagent un même (pré-)nom. Tous deux partagent aussi un même imaginaire inspiré notamment des jeux vidéo et d’une fantasy dont Cartigan est à la frontière. Les sources d’inspiration du titre sont, à n’en point douter, nombreuses. Il semble ça et là possible de reconnaître différentes références des 7e et 9e arts. Mais la série témoigne d’une réelle originalité, tant dans son élaboration graphique, que son ton narratif. D’abord esclave captif puis fugitif, le jeune Cartigan rencontre ainsi, au cours de ce début d’aventure, nombre de monstres aux apparences singulières, terribles et surprenantes. En sa qualité première d’illustrateur, Daniel Willet parvient à réaliser de belles planches au crayonné appliqué, alternant des rendus colorés (ou moins) selon le temps du récit. Mais l’artiste se montre aussi maladroit, voire emprunté, sur d’autres cases. Du bon et moins, donc. Le rythme et les explications données lors de ce tome d’exposition laissent de même songeurs. L’univers ambivalent proposé est riche et séduisant. Pourtant le lecteur peine à saisir l’exact mesure du propos. Les interrogations demeurent quant à la mort ou non du père du héros, à la valeur de son don, à sa mission, etc. Tout cela mérite que l’on y revienne et on attendra ainsi le second livre avec intérêt.