L'histoire :
En juin 1947, dans une divergence de l’Histoire, la guerre du Pacifique continue de plus belle. Dans ce contexte, une compagnie de Marines américains écume la mer de Célèbes (entre les Philippines et l’Indonésie) pour pratiquer une guerre d’usure sur tous les navires japonais qu’ils croisent. Ils ont des méthodes de pirates, accostant les bateaux avec des grappins et ne laissant aucun prisonnier derrière eux. Sur l’un des cargos attaqués, rempli de matériel médical et des outils mécaniques, ils trouvent un mystérieux carnet et des coordonnées géographiques. Leur allié chinois Wego se met à traduire la chose et… des larmes coulent sur ses joues. Tout porte en effet à croire que ce carnet relate les terribles expériences en cours par un scientifique japonais, le docteur Shiro Ishii, sur des civils chinois. Or la base des Marines vient d’être découverte par les japonais, les américains suspectent donc une attaque imminente. Ils n’ont d’autre choix que d’émigrer vers une autre base… et pourquoi pas cette base scientifique, qui a tout l’air d’être gigantesque. L’objectif est pluriel : ils la démantèleraient, libéreraient les prisonniers et s’en empareraient pour leur propre usage. Dont acte : les américains mettent le cap dès le lendemain sur les coordonnées et découvrent un ancien porte-avion abandonné…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Développé en one-shot autonome, ce Maruta musclé appartient à l’univers de Block 109. Selon cette uchronie belliqueuse, la seconde guerre mondiale a pris une toute autre tournure que celle inscrite dans nos livres d’Histoire, pour se terminer seulement en 1953. Ici, nous nous trouvons donc en 1947, tandis que la guerre du Pacifique se poursuit entre Marines américains et flotte japonaise, du côté des mers tropicales indonésiennes. Au cœur du sujet, les horreurs expérimentales perpétrées par le professeur japonais Shiro Ishii sur des cobayes humains, au sein de l’unité 731 de Mandchourie (authentiques !), ont déjà fait l’objet d’une BD en mars 2016 : Black sands (chez Rue de Sèvres). Comme dans cette dernière, le mythe veut que ces abominations se soient déportées et poursuivies sur une île de Malaisie, dans l’objectif de fabriquer un « super-soldat » invulnérable. Il y a parfois de curieuses inspirations communes, dans l’air du temps… Ce point de départ mis à part, les deux aventures ne se ressemblent pas. Dans Maruta, les américains viennent en aide à une bande de cobayes humains organiquement modifiés et organisés en rebelles. S’ensuit une grosse dose de scènes d’action et de bastons entre humanoïdes cybernétiques, sur fond de friches industrielles. Ça tranche, ça mitraille, ça explose, ça perfore, ça gicle… Les amateurs (+ de 16 ans) apprécieront. Sur un découpage storyboardé par Ronan Toulhoat, le dessin de Ryan Lovelock montre de belles dispositions, certes académiques. Il est juste dommage que ce dessin reste trop souvent au stade du rough non peaufiné, et surtout qu’il se délite vers la fin, comme si la réalisation des 10 dernières planches (sur 60 tout de même) avait été pressée par des délais de rendu un peu courts…