L'histoire :
C'est en 1946, lors du cinquième anniversaire de la mort du Führer, que le Ritter fit pour la première fois son apparition. L'image d'un soldat d'élite, habillé d'une armure noire aux dimensions impressionnantes, le héros du Reich ! D'abord popularisé en bande dessinée, il fallut rapidement trouver un personnage pour l'incarner à l'écran. Joachim Stadler, vétéran bardé de décorations, fut choisi. Ainsi, sortit fin 1948 « Ritter Germania contre la Bête Rouge » qui connut un énorme succès. Naturellement, un second film vit le jour. Cependant devenu incontrôlable, Stadler fut relevé au pied levé pendant le tournage et l'on perdit sa trace... Jusqu'à ce jour du 23 janvier 1950 où le Brigadeführer Ernest Kaltenbrunner, membre éminent de la SS, fut retrouvé pendu. Le crime était signé : Ritter Germania. Le héros aryen se retournait contre les siens...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cela devait être le dernier opus inspiré de l'univers uchronique né avec Block 109. Et il est possible, en effet, que cela soit la dernière contribution graphique signé Ronan Toulhoat. Le jeune artiste a, de fait, envie d'essayer son style empli de lumière sous d'autres cieux. Son compère Vincent Brugeas, en revanche, restera lui aux commandes d'un monde aux dépendances si fécondes... Avec Ritter Germania, c'est au genre policier que s'attaque le duo d'amis. Ou plus exactement, au thriller, tant le fantastique mâtine l'intrigue d'une atmosphère à 100 lieues d'une classique chasse au tueur. Exploitant les dissensions célèbres entre les différents services et personnages du IIIe Reich, Brugeas imagine la déviance criminelle du héros aryen qui promettait la victoire. A l'instar d'un Capitaine America sensé galvaniser les troupes par ses aventures illustrées, le Ritter fut son pendant du côté allemand. Sauf que l’Amérique atomisée, c'est contre la « Bête Rouge » que le géant implacable et noir se bat. Or, tel Frankenstein, la créature échappe à tout contrôle ; et sous la patte toujours si étonnante et cinglante de Toulhoat, se met à tuer ses supposés maîtres. Les mêmes qualités de lecture sont à créditer à ce numéro qu'à ses devanciers. Le même regret aussi, d'un one-shot un peu court, qu'on aurait aimé plus dense et disserte, encore. Pour prolonger le plaisir, il faudra une nouvelle fois patienter. La suite est prévue, c'est sûr !