L'histoire :
Au XVe siècle, Rome est devenue le symbole du vice et de la luxure. Le haut clergé lui-même se complait dans une vie libertine et scandaleuse. C’est dans ce climat que le pape Innocent VIII se retrouve vieillard, un pied déjà dans la tombe. Paniqué à l’idée de mourir, il recourt à toutes sortes de folles méthodes pour retrouver la vigueur de son jeune âge : transfusion de sang de jeunes hommes, tétée de lait maternel… Mais rien n’y fait, la vieillesse poursuit son œuvre et sa Sainteté meurt, laissant derrière lui une place férocement convoitée. Le cardinal Rodrigo Borgia est peut-être le moins scrupuleux de tous les prétendants. D’origine espagnole, il a toutes les familles italiennes contre lui, et donc peu de chances de parvenir à ses fins par des moyens réguliers. Pourtant, ce père de 4 enfants va intriguer, comploter et assassiner les gens qu’il faut, pour parvenir à ses fins. Car s’il n’est pas le plus riche, il est sans aucun doute le plus machiavélique…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Chaque nouvelle histoire d’Alessandro Jodorowsky est une invitation à se plonger dans un univers extrême ou baroque. Borgia ne déroge pas à cette règle. Le scénariste s’est inspiré cette fois de la vie d’un personnage tristement célèbre. Le cardinal Borgia a en effet existé, ses enfants également, et si les moyens qu’il trouve pour accéder au pouvoir viennent de l’imagination de Jodorowsky, le reste, jusqu’aux noms, est tout à fait véridique. Le personnage est totalement abominable, vil, calculateur, amoral et sans le moindre scrupule. Un vrai régal pour un scénariste ! On ne peut s’empêcher, à le voir préparer ses mauvais coups, de se murmurer à soi-même : mais quel monstre ! Milo Manara, autre géant de la BD (érotique), accompagne brillamment le scénariste dans cette aventure. Il change cependant de registre et livre un dessin fidèle à lui-même : magnifique. Car, au delà d’une couverture plutôt ratée, se cachent de superbes planches, aux traits extrêmement fins. Evidemment, au détour d’une bagarre entre filles, il ne peut s’empêcher sur quelques cases, de tendre vers un érotisme léger mais bien réel. Les familiers reconnaîtront d’ailleurs rapidement ses héroïnes sexy et les poses provocantes qu’il leur fait prendre. Mais c’est cette fois, au service d’un scénario bien consistant !