L'histoire :
Lors d’une réunion de crise au Pentagone, le président Georges Bush Junior prend une décision importante : il faut lancer une offensive majeure contre les forces de l’axe du mal, pour défendre les valeurs américaines de démocratie et de liberté. Comprenez : on balance toute notre puissance militaire sur les grottes de la banlieue de Bagboul où se planque Ben Laden et ses sbires. Cela demande une sacrée organisation : il faut prioritairement trouver un nom de code qui sonne bien dans les médias. Du type « l’empire contre-attaque » ou « Comme un ouragan ». Et puis aussi, mais cela est secondaire, s’arranger pour que la France ne mette pas son veto au conseil de sécurité de l’ONU. Pendant ce temps au « Terroristan », pour tromper les longues heures de solitude alors que son mari travaille dur à la destruction de l’occident, Madame Ben Laden entame l’écriture d’un cahier intime, pour faire comme Lady Di. Elle y témoigne de sa vie quotidienne derrière une burqa (de l’importance de mettre la petite grille devant…), des problèmes d’éducation avec ses enfants (le fiston adore le film Manhattan de Woody Allen), des réunions tupperware avec les copines…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après le drollissime Il faut tuer José Bové, Jul récidive avec un genre qui lui réussit : la satire politique humoristique. Ici, c’est bien entendu les bandes à Bush et à Ben Laden qui en prennent pour leur grade. Le titre résume à lui seul le type d’humour employé. Certes, la matière première est dense, il suffit pour s’inspirer de retracer l’actualité géopolitique de ces 5 dernières années : la croisade occidentale contre Al Qaïda et sa réciproque sont le sujet préféré des médias. Armes de destructions massives, attentats kamikazes, bombardements de grottes, plaisirs de la féminité sous régime intégriste, tractations onusiennes pour savoir si on y va ou si on y va, enlèvement de journalistes, tortures de prisonniers à Guantanamo… Le dessin caricatural n’atteint pas des sommets artistiques, mais à partir du moment où on reconnait les principaux protagonistes, il suffit largement à rendre ces nombreuses séquences gaguesques efficaces. Si vous faites de l’antiaméricanisme primaire, cet album va devenir votre référence absolue. Si vous faites de l’antiaméricanisme secondaire, il vous amusera tout de même beaucoup en empruntant le même registre que celui véhiculé par les guignols de l’info et leur World company. Quelques sommets d’humour sont atteints, notamment la fête des mères au Terroristan, le caractère toujours blagueur de Ben Laden ou la crétinerie (ordinaire) de Bush Junior…