L'histoire :
Pour la nouvelle année 2020, Sophie Lambda se fixe un objectif en dessinant dans un carnet. « Alors j’ai commencé à dessiner le quotidien, des tranches de vie. Les journées banales peuvent toujours contenir un moment drôle à dessiner ». Malgré une motivation mitigée, au début, elle fait quelques dessins de rencontres, de gourmandises, de voyages, d’examens médicaux… « Ce carnet n’était pas destiné à être publié, ni même montré sur les réseaux sociaux. C’était un truc perso, imparfait. Je ne me mettais pas la pression pour réussir tous mes dessins du premier coup ». Puis un jour, le samedi 14 mars 2020, tout change. Tout le monde se met à parler du Coronavirus ou Covid-19. Et le 16 mars 2020, le Président de la République prend la parole et annonce « Nous sommes en guerre ». Le confinement est décrété, certains reçoivent même un SMS du gouvernement pour dire de rester chez soi. Pas de souci pour l’illustratrice : son boulot, elle le fait déjà chez elle. D’ailleurs, elle a les tenues nécessaires pour ça, photos et illustration à l’appui. De quoi d'autre le citoyen lambda a-t-il besoin ? Du papier toilette. « Les gens ont cru que le corona, ça donnait la diarrhée ». Puis vient la peur... A contrario, il faut se focaliser sur des choses positives. Il y en a plein, de la part d’entreprises pour aider le personnel hospitalier (visières, masques, nourriture, produits de beauté…), ou de l’imagination des gens avec des challenges débiles. Sans oublier la nature qui reprend ses droits : des animaux reviennent à des endroits où on ne les a jamais vus ou entendus. Le quotidien reste toutefois une épreuve. On ne voit plus son amoureux, sa famille et surtout ses potes, avec lesquels on va d'ordinaire boire des verres. A la libération, ce n’est pas la vie d’avant qui est revenue. C’est un monde d’après à construire, avec de nouvelles règles. Mais ça, c’est une autre histoire...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sophie Lambda s’est fait connaître grâce à sa BD Tant pis pour l'amour. Un album qui parlait de sa relation destructrice avec un pervers narcissique. On retrouve dans Le monde au balcon son crayonné précis, chaleureux et surtout son sens de l’humour à toute épreuve. Ô combien nécessaire quand on est obligé de rester chez soi. Néanmoins, le format de la BD se mue ici en forme de calepin. Elle alterne du texte numérique, des dessins, du collage, des photos… Initialement, rester chez soi n’est pas quelque chose de terrifiant. Elle a l’habitude de travailler en tant que freelance. Or cette fois, impossible de sortir sans avoir un papier et l’ambiance est bien différente dans les rues. L’inspiration est à trouver ailleurs. Par chance, télévision et réseaux sociaux ont su mettre un peu de douceur dans ce monde en guerre. Elle partage avec nous des photos issues d’Instagram et d'autres réseaux. Ce n’est pas une fiction qu’elle traite, c’est le monde d’aujourd’hui. Un bonus lui permet de partager des conseils pour découvrir des créatrices amies. L'avenir nous dira si cet ouvrage fera partie d’un flot de publications sur le sujet. Nonobstant, cette (première) BD sur le sujet apporte un vent de fraîcheur, de tendresse et de folie. Beaucoup se retrouveront dans les situations décrites.