L'histoire :
Dans la ville d’Amérique latine de Santa, Luchito Lassabia est un flic pourri. Il trempe dans tous les trafics, gère un vaste réseau de prostituées, commerce au quotidien avec les narcotrafiquants… Mais Lassabia soigne son image de marque : il est beau gosse avec des yeux bleus (des lentilles, en fait), il porte un beau costume et fréquente la bonne société. Il y a toutefois un hic à ce joli tableau : une vilaine maladie de peau qui l’oblige à se gratter frénétiquement en permanence. Un jour, il a vent d’une mauvaise nouvelle : le juge Ferrer a décidé de faire exploser au grand jour la corruption dans laquelle il mouille au quotidien. Qu’à cela ne tienne, Lassabia s’emploie à faire tomber le juge avant que n’éclate le scandale. Son cheval de Troie sera la femme de Ferrer, Milagros, une pieuse assistante fiscale, jalouse et coincée. Dans un premier temps, Lassabia planque la petite culotte d’une de ses putes, pleine de sperme frais, sous un siège de la voiture du juge. Puis Lassabia passe à la vitesse supérieure : il drogue le juge et profite de son sommeil pour le photographier en pleine action avec la pute…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A priori, quand on feuillette les pages de ce one-shot, on croit d’abord à une erreur d’impression : il n’y a pas d’encrages, juste un remplissage de couleurs qui, de plus, sont pour le moins surprenantes et biscornues. Que nenni, cela est le style artistique employé par Juan Sàenz Valiente, auquel on s’habitue très rapidement. Une fois passé ce premier sentiment désagréable, l’histoire développée par Carlos Trillo est plutôt réjouissante. Plus que des « mémoires », le prolifique scénariste argentin nous gratifie d’une « chronique de la corruption ordinaire » au sein d’une société tout aussi abusive. Il accumule ici tout ce qui le répugne : libidos déréglées, perversions en tous genres, tortures politiques, trafic de drogues, abus de pouvoirs… Si l’auteur cherche à travers ce récit à assouvir son dégoût des sociétés latino-américaines, il reste tout de même crédible en restant parfaitement immoral : Lassabia, comme la plupart des corrompus, s’en sortira toujours. Ainsi, au-delà ce la chronique policière, l’histoire est profondément drôle. A suivre les pérégrinations perverses de ce flic répugnant, on finit par se marrer, d’un rire vache et sarcastique, des solutions de plus en plus immondes qu’il met en œuvre avec nonchalance. Jouissif !