L'histoire :
Jean-Patrick organise un barbecue chez lui, avec ses potes bien virils. Autour de leurs grillades, ils discutent SUV, apéro, et championnat du monde d'haltérophilie. Alors qu'ils regardent une vidéo terrible, où l'athlète perd toute sa virilité, Jo arrive. Ce colosse, avec ses lunettes de soleil et sa queue de cheval, tend sa main à Jean-Pat. Celui-ci préfère lui faire la bise, il a les mains prises. Jo lui ordonne de lui donner sa paluche ; il est un homme oui ou non ? Mais Jean-Pat a la patte molle. Alors Jo lui fait travailler sa poignée de main, il faut qu'il ait une poigne de winner. Car « un gagnant, c'est un rêveur qui n'abandonne jamais ». Nelson Mandela. Pendant que les hommes sont au barbecue, les femmes discutent entre elles, et Jo ne se gêne pas pour faire ses réflexions. Il offre une Barbie à Jeanne, et un Vitaman à Jean-Ju. Classique. A ce moment-là, Jean-Pat reçoit un appel de son père, qui raccroche aussitôt. Il le rappelle, pensant qu'il veut souhaiter un bon anniversaire à ses enfants. Mais son père n'en a rien à cirer. Il est même très déçu de voir en arrière-plan d'autres hommes s'occuper du barbecue de son fils. Avant de couper l'appel, il lui sort sa phrase culte depuis que Jean-Pat est enfant : « Alors, tu sors la boîte à couilles, compris ? » Jean-Patrick répète le schéma et sort la même phrase à son fils. Et il fait tout pour être un homme viril, un vrai de vrai. Malgré tous ces efforts, il ne rivalise pas avec Jo. Pourtant, tout va bientôt basculer. Un mystérieux virus commence à se répandre sur la planète. Le rubula 12. Il ferait chuter le taux de testostérone chez les hommes...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On ne présente plus Luz, dessinateur de presse mais aussi auteur de bandes dessinées. Il est notamment à l'origine des albums Catharsis ou encore de l'adaptation de Vernon subutex. Dans cet ouvrage de 300 pages, dense, il emploie son style humoristique incisif et son dessin caricatural, pour se moquer des masculinistes et questionner la masculinité. Jean-Pat est un homme comme les autres, qui tente de s'imposer en tant qu'homme dans une société patriarcale, qui applique les schémas que lui ont enseigné les hommes virils de son entourage (son père, ses amis, les stars). Cependant, un jour, un virus vient semer la pagaille. Il ne touche que les hommes et fait chuter drastiquement leur taux de testostérone. Jean-Pat va être touché. Alors qu'il se questionne sur sa place d'homme en société, qu'il se détache du mouvement viriliste, son fils va suivre le chemin inverse et se radicaliser. En parallèle, Jean-Pat va être accompagné d'un chien adopté par hasard, Champion, qui assouvit chacune de ses pulsions. Avec une écriture sans filtre, Luz questionne une question d'actualité : qu'est-ce qu'être un homme ? Ses personnages masculins sont les archétypes de la virilité : ils s'intéressent aux voitures, à l'alcool, aux muscles, et se désintéressent complètement de leur femme et de leur famille. Cette critique des masculinistes se met en parallèle de la pandémie de Covid19 : l'auteur reprend les mêmes processus médiatiques et politiques que ceux appliqués lors de la pandémie. On trouvera peut-être quelques redondances et quelques lenteurs dans la narration, qui alourdissent parfois la lecture, mais qui montrent que l'évolution des mentalités est un long chemin... et que les femmes, comme les hommes (qui reproduisent les schémas imposés par les autres hommes), sont des victimes du patriarcat.