L'histoire :
Alex Bleach, une ex-star du rock n' roll percuté par le succès, vient de mourir d'une overdose d'alcool et de médicament dans sa baignoire, au grand désarroi de tous ses fans. Avant d'y exploser, l'info butte dans sa tête comme un vieux diamant sur le sillon d'un vinyle rayé. Alex Bleach, le vieux pote de Vernon Subutex est mort. Suite à cette perte tragique, une question bassement pragmatique le taraude alors : qui va payer son loyer ? En effet, ça faisait plusieurs mois qu'Alex prenait en charge le paiement du logement de Vernon. À partir de maintenant, l'ancien disquaire du Revolver se retrouve sans toit. Vernon Subutex va devoir faire appel à ses anciens amis et connaissances lointaines pour se faire héberger chez eux durant quelques jours. Mais il est difficile de leur avouer qu'il est à la rue et sans le sou. Qui plus est, eux-mêmes ont connu des trajectoires différentes depuis les années 1980 et s'en sont plus ou moins bien sortis. Dans ses affaires, Vernon a gardé des enregistrements d'Alex Beach, ce qui attire bien des convoitises...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Mine de rien, Vernon Subutex, le roman en trois parties écrit par Virginie Despentes, a connu un succès fulgurant et des critiques élogieuses depuis 2015. Il faut dire que la romancière possède une plume acérée et un univers ô combien singulier, qui dépasse le cadre de la littérature. Il n'en fallait pas moins pour qu'une adaptation en série TV voit le jour... mais d'une façon un peu trop édulcorée pour ne pas choquer le téléspectateur lambda. Du coup, le parti-pris d'Albin Michel d'adapter Vernon Subutex en BD se veut fidèle au roman original et prend ici tout son sens. Pour ce faire, qui de mieux que le dessinateur Luz (ex de Charlie Hebdo) pour être à la manœuvre ? En effet, véritablement passionné par la musique, au même titre que le personnage principal de ce récit, l'artiste a toute latitude pour réaliser la convergence de ses deux passions. Qui plus est, la bande-dessinée Vernon Subutex reste fidèle à l'écriture de Despentes qui n'a pas son pareil pour décrire les relations humaines et les blessures de l'âme au travers d'une épopée rock n'roll. Le lecteur s'attache ainsi aux nombreux personnages qui ont traversé la vie de Vernon et reconstruit peu à peu le puzzle de leurs vies dissolues. C'est un véritable régal où se mêlent émotions, humour et vision corrosive de l'Humain en tant que tel. À l'image des textes cinglants et percutants de Virgnie Despentes, les dessins de Luz prennent une forme brute de décoffrage : le trait est nerveux, la mise en scènes des illustrations est dynamique et les couleurs tantôt agressives, tantôt sépia collent à merveille avec l'ambiance chaotique de l'œuvre originale. De fait, la fluidité de la lecture n'est pas toujours de mise, mais il n'en reste pas moins que le visuel est remarquablement maîtrisé. Au final, cette première partie de Vernon Subutex tient toutes ses promesses et se place sans conteste comme une excellente adaptation du roman de Virginie Despentes. Punks are not dead !
