L'histoire :
Laurel, jeune golden boy, est obsédé par le profit et son travail. C'est une véritable drogue pour lui, si bien qu'il en oublie parfois de faire attention à Éléonore, sa compagne. Un jour, le jeune homme reçoit un appel de la police via le téléphone de sa conjointe : un livreur l'a vue disparaître dans l'eau de l'océan et n'a rien pu faire pour l'aider. Elle s'est suicidée. Brisée par ce coup dur, Laurel a du mal à se raccrocher à la vie et à accepter la mort de sa compagne malgré l'aide d'un psy. Le jeune homme est à la dérive, en état de choc permanent. Ainsi, un soir, dans un geste de folie désespérée, Laurel cherche lui aussi à mettre fin à ses jours pour rejoindre dans la mort celle qu'il aime. Pour ce faire, il se dirige là où Éléonore a disparu pour se noyer aussi dans l'océan. Or, lorsqu'il ouvre les yeux, il se trouve sur un ponton sur lequel il retrouve une chaussure de sa compagne et du sang. Paniqué, il découvre une écoutille fixé à-même un vieil arbre mort. Lorsque Laurel ouvre ce mystérieux passage, le voilà dans un monde parallèle et inconnu : l'île flottante et la mécanique de Bunkerville. Il entame alors son voyage tortueux et mortuaire dans un pays exubérant et poisseux, où aucun acte, aucune loi ne reposent sur la logique ; où la mort n'a semble t-il rien de tragique, mais où la démence et l'incohérence sont reines. Laurel doit alors fuir Bunkerville et son régime totalitaire pour retrouver celle qu'il est venu chercher...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le moins que l'on puisse dire, c'est que la maison d'édition Ankama frappe fort en ce début d'année avec Bunkerville ! Ce projet mis sur pied à 6 mains par Pascal Chind et Benjamin Legrand (Le Transperceneige) au scénario avec l'aide de Vincenzo Balzano aux dessins est tout bonnement accrocheur. Découpé tel un film à la croisée de nombreux styles littéraires, le récit nous emmène dans un univers steampunk au sein de Bunkerville, une île flottante et mécanique pour suivre les aventures de Laurel, un jeune golden boy qui a voulu rejoindre sa bien-aimée, Éléonore, dans la mort. Arrivé dans ce pays totalitaire où règne la terreur, le jeune homme continue à chercher sa compagne et doit faire face à la folie du lieu. Mais au-delà de cette simple quête, l'histoire dévoile en toile de fond d'autres aspects plus personnels et philosophiques. Du côté des dessins, Vincenzo Balzano (Clinton Road, Adlivun) propose un style éthéré avec des dessins en aquarelle remarquables. Ainsi, l'artiste développe sa propre patte sans dénaturer le scénario du tandem Chind / Legrand. Qui plus est, Balzano apporte un soin particulier aux couleurs et aux teintes, de façon à parfaitement coller aux ambiances du récit. En fin de comptes, Bunkerville s'avère être une BD audacieuse qui reprend à son compte l'univers onirique et mécanique propre au steampunk, le tout enrobé d'une sombre poésie. Superbe !
