L'histoire :
Un jeune homme est assis dans une chaise de jardin en plastique, les larmes aux yeux. Du toit d’un immeuble, il observe la ville, désespérément vide. Aucune trace d’humanité n’est perceptible. Il se lève pour explorer les rues, croyant être le dernier survivant à la surface de la planète... Mais alors qu'il ne s'y attend pas, un petit missile vient exploser à côté de lui, le tuant sur le coup. Trois individus s’approchent aussitôt. L’un d’eux grommelle auprès des deux autres, car ce type était le premier qu’ils ont croisé depuis maintenant plusieurs mois. Survivant au jour le jour, en fouillant habitations et magasins qu’ils trouvent sur leur chemin, ce petit groupe fait bien attention de ne pas mettre leur vie en danger. Depuis l’apparition des insectoïdes, des créatures gigantesques, vivre est devenu bien compliqué. Les trois garçons peuvent certes compter les uns sur les autres, le doute remplit parfois tout de même l’esprit de l’un d’entre eux. Cela amène à des situations plus extrêmes, à chaque fois. Or, à force d’errer au sein de ce monde, ils finissent par découvrir une gigantesque banderole indiquant qu’à l’intérieur d'un immeuble, une personne est vivante. Et il s’agit d’une jeune femme…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le Label 619 chapeauté par Run (l’auteur de Mutafukaz) ne cesse de surprendre. Après un début d’année proposant des récits très différents, comme DoggyBags ou Freaks’ Squeele, voici encore un titre étonnant. La belle mort est la première bande dessinée de Mathieu Bablet, un jeune auteur qui raconte la survie de quelques humains dans un monde dévasté par des insectoïdes géants. Assez lent, le récit se met en place progressivement et installe une drôle d’ambiance. Entre la paranoïa et le désespoir absolu, ce monde n’offre pas de porte de sortie à ses personnages, qui doivent compter les uns sur les autres pour poursuivre leur existence. Quelques petits flashbacks permettent d’approfondir le passé des protagonistes, mais ceux-ci ne s’éternisent jamais. Assez efficace, l’histoire part ensuite dans une direction fantastique qui risque d'en surprendre plus d’un. Certaines séquences restent même si énigmatiques que l'on en obtient pas forcément les réponses... L'aspect fin du monde de ce titre se rapproche du genre horrifique mais en évite les effluves sanguinolentes. Visuellement, l’ouvrage est soigné ; le trait de Bablet évoque celui de Kieran (We are the night). Assez long (144 pages), cet album est une bonne découverte, malgré quelques menus défauts. Le plaisir de lecture est là, c’est l’essentiel.